Poussant électivement dans les régions au climat chaud, le palmier à huile est une plante précieuse aux multiples bienfaits. Dans ce texte, nous faisons un petit saut vers Rumonge pour explorer les avantages qu’elle offre à la communauté locale.
Si on me demandait de peindre un tableau représentant Rumonge, j’y inclurais certainement des palmiers à huile verdoyants et, à l’horizon, des pirogues de pêcheurs voguant sur le Tanganyika.
Ayant grandi dans les hauts plateaux du Kirimiro, j’ai toujours eu en tête cette représentation de Rumonge : du poisson, mais pas n’importe lequel, le Mukeke à foison et de l’huile à palme qui coule à flot.
Récemment, j’ai eu l’occasion d’y séjourner pour la première fois, pendant un temps plus ou moins long. Passant du rôle du simple voyageur (dans l’habitacle d’une voiture) émerveillé par l’ubiquité des palmiers à huile dans le paysage ou par des agrumes dont les branches ploient sous le poids des fruits mûrs, j’ai fait une immersion dans la communauté locale, découvrant ainsi leur quotidien.
Dans ces lignes, je veux mettre à l’honneur le palmier à huile (appelé ikigazi en kirundi ou ibo pour les locaux), cette plante d’une grande importance pour la communauté locale.
Tout est bon dans le palmier à huile
De prime abord, je me permets de comparer les éloges du palmier à huile à ceux de la vache. Eh bien, tout comme la vache est profitable (de la viande à la bouse), il en est de même pour le palmier à huile. En tête de liste, l’huile de palme mérite une mention spéciale. Abordable par rapport à d’autres huiles, elle est un ingrédient incontournable dans la gastronomie burundaise. D’ailleurs, elle est l’huile la plus consommée au monde.
Cette huile est extraite de la pulpe du fruit (appelé drupe). Ce processus d’extraction génère des sous-produits tout aussi importants. Damascène, 28 ans, travaillant dans l’huilerie semi-moderne de Mukunde à Kigwena, nous en touche un mot : « Les résidus liquides provenant de cette production servent de fertilisant. Après le malaxage et le dépulpage, nous obtenons des fibres (ibikāfu) et des noix (imisé) entourées de leurs coques dures (ibikǔnku). Ces fibres peuvent être transformées en fumier. Après le concassage des noix, nous obtenons des amandes (à partir desquels on tire de l’huile de palmiste utilisée dans la fabrication des savons) avec des résidus servant dans l’alimentation du bétail. Les coques servent de combustible ».
Un palmier à huile, ce n’est pas que pour les huiles. Bikorimana Nadine (32 ans), cultivatrice de Kigwena, continue à nous révéler d’autres rôles de cette plante industrielle : « Tout est précieux dans cette plante. Par exemple, le rachis de la feuille long et robuste (amăngarará), intervient dans la construction, la vannerie et l’agriculture (comme tuteurs pour les plans de haricots). Ils servent aussi de bois de chauffage. Quant aux folioles, elles sont utilisées pour fabriquer des balais artisanaux (imikubuzo) largement usités à travers tout le pays. De plus, il y a l’« ibondo », ce vin de palme fabriqué à partir de la sève. »
Le palmier, créateur d’emplois
Le palmier à huile est un véritable moteur économique à grande échelle. Lors de de la récolte, des vélos lourdement chargés de grappes mûres ou des camionnettes peinant sous le poids de ces fruits, font la navette entre les champs et les huileries. Evidemment, la chaîne de valeur du palmier à huile profite à beaucoup d’acteurs, des propriétaires de petites ou grandes palmeraies et d’huileries aux commerçants, en passant par les ouvriers journaliers.
L’attraction des grands investisseurs dans le secteur du palmier à huile, apporte aussi une plus-value à l’économie locale grâce à la création d’emplois significatifs. Des entreprises telles que Cikar Burundi Ryoha et Savonor en sont de bons exemples.