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Qui est Ornella, cette boxeuse burundaise qui met KO les têtes d’affiche ?

Agée de 24 ans, quatrième d’une fratrie de 8 enfants, Havyarimana de son nom de famille vient de décrocher avec brio son ticket pour les jeux olympiques (JO) qui auront lieu à Tokyo au mois de juillet. Retour sur le parcours de cette sportive qui, contre vents et marées, a su garder le cap vers le succès.

Elle a grandi avec amour dans le cocon familial. Avec une bonne droite, elle ne tremblait pas quand il s’agissait des petits combats de rue opposant les gamins du quartier. Tout commence en 2013 lorsqu’elle découvre la boxe à la télévision. Un véritable coup de foudre, se souvient-elle : « Quand j’ai vu ce match de boxe j’ai tout de suite kiffé. Mais je me suis dit que malheureusement il n’y a pas ce jeu au Burundi sinon je l’aurai pratiqué.  J’aimais déjà le sport. Chaque samedi, je faisais du jogging. Et un jour j’ai eu la chance de rencontrer des coaches de boxe. Je leur ai tout de suite demandé d’intégrer leur club. Ils m’ont accueillie à bras ouverts. C’est comme ça que j’ai commencé la boxe », déclare Ornella.

Son coach Joseph Nkamicaniye a accepté de nous parler de sa rencontre avec la boxeuse. « J’ai rencontré Ornella en 2013. J’avais organisé une compétition de boxe au Lycée Municipal de Kamenge. Elle avait déjà fait ses débuts dans un petit club de Kinama. Elle a commencé avec un combat d’exhibition. A l’époque, j’étais entraineur de l’équipe nationale masculine de boxe. Puis je l’ai motivée. Au départ elle était avec cinq filles mais celles-ci ont abandonné. Elle faisait les entrainements avec l’équipe nationale des hommes ».

Un parcours de guerrière

En tant que fille, intégrer un club de boxe n’a pas été sans conséquences à la maison. « Au Burundi, la fille est considérée comme n’étant pas apte à faire ce que les hommes font. On voudrait qu’elle ne s’occupe que des travaux ménagers, ce qui se résume à aller à l’école et faire la cuisine seulement. A la maison, ça n’a pas été facile. Mon père ne l’a pas bien pris, arguant qu’une fille ne devrait pas jouer à la boxe car elle pourrait battre son mari voire même finir vieille fille ». 

Néanmoins tous ces obstacles n’ont pas eu raison de sa détermination. Elle a continué bon gré mal gré. « La boxe me protégeait contre les ligalas car la plupart du temps j’étais occupée avec ce sport. Je n’avais pas de temps à perdre à écouter les ragots du quartier. Malgré les efforts qu’elle faisait son père ne le digérait toujours pas. A un certain moment, il m’a chassée de la maison en 2013. Je suis alors partie et j’ai passé au moins deux ans loin de mes parents. Je suis allée vivre chez ma grand-mère ». 

« Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté », disait le Prince Louis Rwagasore. Ornella semble avoir pris ces propos de l’héros de l’indépendance au pied de la lettre. « Mon père pensait que je n’avais que de mauvaises fréquentations. Mais au fond de moi je savais où je voulais aller. Quand en 2014 je me suis envolée pour la Corée du Sud, mon père était plutôt  content et étonné. Il a pris conscience de l’importance de ce que je faisais. Il a changé son fusil d’épaule et m’a ramenée à la maison ».

Succès après succès

En 2018, Ornella a décroché la médaille d’or au championnat de l’EAC. Elle a ensuite participé aux 10emes championnats du monde de boxe en Inde où elle a été classée 15ème au niveau mondial. Au Gabon, elle y a décroché une médaille de bronze. Elle est retournée dans ce même pays pour participer au tournoi régional et elle est rentrée avec la médaille d’or. Elle est aussi passée par la Thaïlande, un tournoi qui s’est révélé très compliqué pour elle car elle est rentrée bredouille. En 2019, elle s’est envolée pour la Russie où avait lieu le mondial de boxe féminine.

Le 20 février 2020 Ornella s’est lancée dans la course pour une place aux olympiades de Tokyo, c’était à Dakar au Sénégal.

Malgré ce parcours plus qu’intéressant, Ornella déplore toujours ce grand obstacle qui l’empêche de combattre à armes égales avec les grands de la discipline : le manque de compétitions. Et pour cause : elle est la seule femme boxeuse professionnelle au Burundi.  

Souhaitons bonne chance à notre championne pour les Jeux Olympiques de Tokyo le mois prochain.

 

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