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[Opinion] Muramvya : ces impairs qui coûtent cher

L’information semble avoir passé inaperçu, mais elle mérite une certaine réflexion. C’est l’histoire des passagers qui ont passé la nuit du 28 janvier au cachot du commissariat provincial de Muramvya. C’est normal d’immobiliser un véhicule parce qu’il n’a pas les documents exigés. En revanche ce qu’il l’est moins, c’est d’arrêter les passagers. Un blogueur s’interroge.

Au total, ils étaient 31, dont 28 Burundais, deux enfants, un Ougandais et deux Congolais. Ils étaient à bord de quatre véhicules de Type Vox qui font le transport transfrontalier entre Burundi, Tanzanie, Rwanda et Ouganda. Ils ont été arrêtés par la police.

Mais, une question mérite d’être posée. Quelle est l’infraction qu’ont commise les passagers ? Là, la réponse du porte-parole de la police m’a laissé sur la soif : « Abantu nta na kimwe. Gusa, n’uko biyunguruje mu modoka zitagira impusha zo kujabuka imbibe » (Les passagers n’ont commis aucun délit. Seulement, ils se sont déplacés à bord des véhicules sans autorisation de faire le transport transfrontalier).

Et là, la police avoue que les passagers sont innocents. Et pourquoi ont-ils été emprisonnés ? Pourquoi ont-ils passé la nuit dans un cachot ou en garde à vue ? Ce qui est encore plus dérangeant est le fait qu’il y avait deux enfants parmi eux.

C’est incompréhensible. Revient-il donc à un passager de demander au chauffeur ou à un pilote d’avion des documents d’autorisation de faire le transport transfrontalier ? C’est normal que la police en charge de la circulation routière fassent le contrôle des véhicules, surtout ceux effectuant le transport en commun. Le Code de la route est clair sur ce point dans son article 4 qui définit les agents qualifiés pour effectuer le contrôle des véhicules. Un hic : les véhicules n’ont été immobilisés qu’à Muramvya, au centre du pays. Or on sait que dans chaque province, il y a au moins un check point de la Police de roulage. Les autres postes de contrôle ont-ils fermé les yeux ? Etait-ce la première fois que ces véhicules faisaient ce transport sur le sol burundais. Toutes ces questions méritent des réponses.

Donner du sens au « Visit Burundi »

On voit souvent des panneaux ou pancartes sur lesquels est écrit Visit Burundi en grands caractères. Et ce, dans le but d’attirer des touristes vers le Burundi. Ce qui peut constituer une source importante des devises au moment où le pays en manque cruellement.

Et d’ailleurs, au mois de décembre dernier, une importante table ronde des partenaires au développement et des investisseurs privés a été organisée. Plus intéressant encore, il n’y a pas longtemps, les Etats généraux du tourisme ont été organisé dans le but de booster ce secteur qui peine à décoller.

Des investisseurs ont été invités à investir au Burundi. Une question se pose aussi à ce niveau : quel est cet investisseur qui osera mettre son capital là où on peut facilement se retrouver privé de liberté sans infraction ? Est-ce que nos autorités, nos décideurs ne risquent-ils pas de se retrouver en train de se contredire ? Et l’assainissement du climat d’affaires, la sécurité des voyageurs, … ne font-ils pas partie des préalables pour attirer et rassurer les touristes, les investisseurs étrangers ?

Durant même la semaine du tourisme tenue à Bujumbura du 11 au 14 décembre dernier, le mot d’ordre était le même : faire tout pour la promotion du tourisme. Mais voilà, qu’à l’heure actuelle, des voyageurs se retrouvent emprisonnés, obligés d’interrompre leurs voyages pour une histoire de documents de véhicules dont ils ne sont pas propriétaires. Ce sont ces petites choses qui font fuir les touristes, des choses qu’on peut éviter. Il suffit d’y penser.

 

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