À l’occasion de sa première émission publique, vendredi 25 septembre, rétropédalage du président Evariste Ndayishimiye sur cette parole donnée « devant Dieu » et devant les Burundais.
Dimanche 23 août, au terme d’une prière d’action de grâce de 4 jours, en province Ngozi, le président Ndayishimiye avait annoncé que les membres du gouvernement vont devoir, dans les deux semaines à venir, déclarer leurs avoirs devant les juridictions compétentes, afin de servir de modèle d’honnêteté au reste de la population.
Il justifie ce virage à 180 degrés : « Certains sont tellement riches qu’ils passeraient une semaine à dresser la liste de leurs biens. Le patrimoine de chacun doit rester confidentiel. »
Or, la déclaration des biens par les mandataires publics au début et à la fin de leurs mandats est une exigence constitutionnelle. Ce faisant, le premier des citoyens burundais – garant du respect de la Constitution – viole la Mère des Lois en ses articles 95 et 151, sapant avec désinvolture le bien-fondé de cette traduction légale de la morale publique.
Le faire devient ainsi l’antithèse du dire
C’est une technique bien huilée par son maître à penser, sa boussole. Un cas édifiant, s’il en est. « Que personne n’ose truquer ces élections, à moins qu’il veuille être soumis au pire châtiment! Que personne n’ose perturber ces élections, à moins qu’il veuille être soumis au pire châtiment! », dixit le président Nkurunziza, lors du dernier meeting du candidat du parti Cndd-Fdd sur le terrain de l’ETS Kamenge, au quartier Gihosha (nord de la mairie de Bujumbura).
Au lendemain du triple scrutin du 20 mai, le communiqué de la Conférence des évêques catholiques du Burundi (CECAB) a égrené de graves irrégularités – certaines inédites de mémoire d’électeur burundais – avant de porter le coup fatal avec le moelleux de la finesse : « Nous nous demandons si elles ne portent pas préjudice aux résultats à proclamer. »
La prestation du locataire de Ntare Rushatsi House relève du registre de discussion du café du commerce assaisonnée d’un soupçon de politique du « y’a qu’à », le cœur du populisme. La population se plaint des taux d’intérêts élevés pratiqués par les banques commerciales. Réponse du primus inter pares : « J’ai demandé au président de l’association des banques de les abaisser. » Quid de l’assainissement du climat des affaires, condition sine qua non ?
Et si les banquiers font de la résistance ? Qu’à cela ne tienne! Il conseille à une « population riche » de créer une banque.
Cette technique parfaitement assimilée par l’ « héritier » est le bras armé de cette stratégie : abaisser le niveau d’exigence inhérent à la fonction présidentielle pour n’être redevable de rien.
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Puisque la Constitution ne peut pas nous aider, faut-il maintenant nous fier aux pires des sources, je veux dire les rumeurs, qui attribuent à certains illustres serviteurs un patrimoine innombrable et difficile à expliquer?