Onze ans après sa création, l’Office Burundais des Droits d’Auteur et des droits voisins (OBDA) peine à attirer les artistes. Ces derniers restent perplexes quant à la capacité de cet organe à défendre leurs droits.
2005. Devant les anciens locaux des services de la présidence de la république, les artistes organisent une petite démonstration pour réclamer la mise en place d’une institution régulant les droits d’auteurs. « Il y avait un nouveau président (Pierre Nkurunziza, Ndlr), se souvient Christian Nsavye, journaliste culturel, il s’est entretenu avec les artistes et la même année une loi relative a été promulguée ».
Six ans après, en 2011, l’OBDA est créé. C’est un ouf de soulagement pour les artistes. Ils croient révolue l’époque où leurs productions ne leur rapportaient le moindre franc burundais. Mais, les choses s’avèrent plus complexes qu’elles ne paraissent.
Bar C, un jeune chanteur qui a évolué dans le groupe Amahunja avant de se lancer dans une carrière solo en sait quelque chose. Sûr d’avoir blindé ses chansons en les enregistrant à l’OBDA, c’est le tout naturellement du monde qu’il a déposé plainte quand l’une de ses chansons a été utilisée pour des fins commerciales sans son autorisation. « L’OBDA nous a demandé de régler le différend avec les diffuseurs à l’amiable. Cette option n’a pas marché et à l’OBDA on m’a dit que je ne pouvais pas espérer davantage de leur part parce qu’ils n’ont pas d’avocat ». Dans l’incapacité de se payer un avocat, Bar C a lâché l’affaire, amer.
Un cadre légal qui reste à peaufiner
L’OBDA est sous la tutelle du ministère ayant la culture dans ses attributions. Un des parents pauvres de la répartition budgétaire. Ce manque de moyens serait une des causes majeures de ses prestations mitigées. « Ses missions demandent beaucoup de moyens. Il ne faut pas limiter son budget à son fonctionnement élémentaire », observe Shaban Ramadhan, directeur de Marahaba festival.
En plus des moyens financiers, le cadre légal «ne donne pas assez de puissance à l’OBDA. Cette institution ne peut pas par exemple arrêter une radio ou d’autres diffuseurs qui utilisent les produits des artistes. Il sert juste de témoin quand l’auteur de l’œuvre décide de porter l’affaire devant la justice », renseigne Shaban Ramadhan.
Bien qu’elle reconnaisse l’importance de la mise en place de l’OBDA, Bernice The bell, lauréate de l’Isanganiro Award regrette «le manque de mesures permettant la mise en œuvre des grandes lignes du décret de 2005. Il y a comme un vide juridique sur les mesures d’accompagnement ». Pour elle, « le fait que les artistes ne savent pas clairement ce qu’ils gagneront les décourage à enregistrer leurs œuvres ».
Au vu des batailles menées par les artistes pour la reconnaissance de leurs droits, le peu d’engouement qu’ils affichent envers l’OBDA demeure paradoxal. Certes, les instances sont là mais faudrait-il encore leur doter de pouvoirs qui leur permettent de répondre aux besoins des artistes.