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Droit d’auteur au Burundi : pourquoi  la mayonnaise tarde-t-elle à prendre ?

Après 17 ans d’inscription du droit d’auteur en droit positif burundais, sa jouissance reste problématique, au grand dam des artistes obligés de tirer le diable par la queue.  Qu’est-ce qui cloche donc?

Cette question, nous avons voulu la poser au principal concerné. L’Office Burundais pour les Droits d’Auteurs  (OBDA), en  vain. Nos  demandes d’interview avaient toutefois été reçues   avec enthousiaste mais n’ont pas été concluantes. « Je ne suis pas au bureau, je suis sur terrain, je suis sur le point de monter à l’intérieur du pays… », telles sont entre autres réponses auxquelles  nous avons eues droit. Dommage pour nous  qui voulions en savoir davantage sur l’état  des lieux  du respect des droits  d’auteur au Burundi, le rôle de cette institution dans le respect de ce droit, ses défis, ses éventuels succès, etc. 

Mais qu’à cela ne tienne, il y a des voix autorisées qui ont accepté gentiment de nous éclairer la lanterne. À l’instar de Léonce Ngabo, une figure  incontournable du  cinéma et de la musique burundais. Il a été là aux  prémisses du droit d’auteur en 2005  et de l’OBDA en 2011: «Ces instruments sont là, mais  dans les faits, les artistes n’en jouissent pas », regrette-t-il avant  de continuer : « Vers 2014, nous avons tenu un atelier pour   fixer toutes mesures permettant la jouissance du droit d’auteur. Et à ce propos, l’atelier qui réunissait tous les intervenants et exploitants des œuvres d’art avait même tablait sur un chiffre de 1 milliard de Fbu que ces derniers devraient collecter pour que les ayants  droit en profitent. Sans succès jusque-là « 

En 2014 justement, un projet d’ordonnance a été esquissé. Sans suite favorable aussi. L’artiste burundais broie toujours du noir. 

Après, 2015 est passé par là.  Jusqu’à récemment en 2020, rien n’avait  été fait du côté de l’OBDA. 

Les racines du mal

« Le problème au Burundi, tout ce qui touche à la culture, à l’art est relégué au second plan. L’on parle même d’utugenegene, du folklore… là où les autres parlent d’une véritable industrie culturelle ». Pour  l’auteur de Gito, ceci constitue une des causes profondes du non-respect du droit d’auteur : « Comment  financer  une chose dont on ne prend  même pas  au sérieux ? ». 

 Le respect du droit d’auteur se heurte aussi à une réticence de  la part des intervenants publics. L’on ne s’étonne même pas qu’à un moment, la RTNB  n’entendait pas  faire jouir de  leurs droits  aux auteurs dont il exploite  les œuvres. Comment  les faire adhérer à  la cause quand les principaux intervenants ne l’ont  pas encore compris ?  « Comment le faire sans budget prévu pour la cause », s’interroge Léonce. 

S’inspirer

 « Vous ne me croirez peut-être pas. Mais je continue de  bénéficier  de mes droits d’auteur sur mon film Gito, l’ingrat produit en 1992« , confie  Léonce Ngabo. Mais tout ça, c’est parce qu’il est inscrit aux Droits d’auteurs suisses. 

De quoi pousser  Léonce, ancien du conseil d’administration de l’OBDA à suggérer à cet office de collaborer avec d’autres institutions à l’international pour permettre aux Burundais de jouir éventuellement de leurs droits à l’étranger. Et inversement.

C’est ce qui est en train de se faire dans les pays de la région. Ceci en plus du fait que les  exploitants des œuvres d’art de la région commencent à être pris en compte dans leurs prévisions du budget  pour la rétribution du droit d’auteur aux ayants droit. « Par exemple, dernièrement, j’étais dans une rencontre rassemblant les acteurs du monde de la culture en Afrique centrale. J’ai appris que   dans beaucoup de pays, les télévisions doivent acheter des droits de diffusion  des musiques et des films. »  Le Burundi  pourrait faire la même chose, avec l’intervention de tous les concernés. L’OBDA en premier ligne, peut-être la justice et la police aussi.  

Et à l’heure du numérique, c’est le moment d’en profiter.  S’ouvrir au monde et s’assurer  que les intérêts  et les droits d’auteur des Burundais soient reconnus, même à  l’international. 

 

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