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Nous, nos pères et nos grands-pères

Pour le blogueur Eric Heza*, les responsabilités incombent à chaque génération. Et le Burundi en dénombre actuellement trois : les grands-pères, les pères et les jeunes, dont Eric fait partie. Pour lui, la première génération a échoué, la seconde est sur la voie de l’échec. Le salut du Burundi reste entre les mains de la nouvelle génération.

Le Burundi n’avait pas encore décroché son indépendance qu’il a connu les prémisses des guerres qui se sont succédées. Ils sont fatigués, nos grands-pères. Ils ont tout vu, tout connu, surtout tout vécu. Ils connaissent ce Burundi d’antan, ce havre de paix, le Burundi de la monarchie. Et ils ont assisté à son déraillement. Tout a basculé sous leurs yeux. Ce sont d’ailleurs les grands acteurs, les victimes des toutes premières crises qu’a connu ce petit pays.

Nos grands-pères n’ont jamais connu de répit et leurs cheveux grisonnent. Ils sont déçus. Ils regrettent parfois leurs décisions. Ils n’arrêtent pas de penser à ce misérable héritage qu’ils lèguent à leurs enfants.

Nos pères

Ce sont les héritiers directs de nos grands-pères. Ce sont Pierre Nkurunziza, Godefroid Niyombare, Pacifique Nininahazwe, Leonard Nyangoma,… Toutes ces figures qui sont mises en avant dans le jeu politique contemporain.

« C’est bien nous les futurs leaders. »

Ce sont eux qui se déchirent pour le pouvoir, qui se battent pour les droits humains, les bénéficiaires directs ou les grands perdants de cette crise. Ils ont sacrifié leurs vies sur l’autel de la violence – un mot qui sonne familier à leurs oreilles. Tous ont grandi dans un pays en proie à la violence. Ils avaient d’ailleurs juré d’en briser le cycle, d’épargner leurs descendances de ses affres. Pourtant, ils semblent avoir tout fait, sauf ça.

Nous

Les descendants de ces pères susmentionnés. C’est bien « nous » qui participions activement aux manifestations contre le troisième mandat, pour des intérêts qui ne sont forcément pas les mêmes que ceux de nos pères. Nous voulons l’emploi, l’accès facile à l’éducation.

Nous avons notre propre interprétation de l’histoire. Certes, nous avons connu un tout petit peu la guerre. Nous avons beaucoup joui des bienfaits de la réconciliation, des dividendes des accords d’Arusha, de la paix, de la liberté d’expression. C’est bien nous les futurs leaders.

Nous avons des rêves. Mais aussi une grande responsabilité : soit pérenniser ce cycle de violence quitte à le léguer à nos enfants, soit avoir le courage de dire : « Ca suffit ! » C’est une question de choix. Chaque génération a les siens. La nôtre doit choisir entre la lâcheté et la bravoure, le statu quo et la renaissance.

C’est à nous d’en décider, la balle est dans notre camp.

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