« Depuis un moment maintenant, ils sont passés sous silence, nos médias. Ou plutôt sous incendie. Et la rumeur a remplacé l’information et conquis tout le territoire. » Dans un texte où sarcasme et sérieux se côtoient, la bloggeuse Monia-Bella Inakanyambo pousse un cri du coeur qui oscille entre espoir et déception.
On parle de tout et de rien. Chacun joue au journaliste. Nous avons droit à toutes les recettes. Des tapages passionnés, du bruit assourdissant, un vacarme affolant, des cacophonies effarantes, des fracas d’idées… de la confusion totale. Et on ne s’en moque pas car il n’y a pas d’alternatives. Nous devons nous y habituer.
Le bruit et la rumeur
Nous n’avons vraiment pas de choix. Nous ne pouvons que tendre désespérément la main aux réseaux sociaux, à ceux qui les gavent d’informations, les unes contradictoires aux autres. Nous ne choisissons que d’avaler ce qui nous paraît le plus comestible, pour éviter, de justesse, l’indigestion.
La crise est venue mettre à nu notre inaptitude à accepter l’opinion de l’autre lorsqu’elle est différente. La liberté d’expression n’est valable que pour soi-même. Nous nous sommes traités de tous les noms. Des insultes, des haines injustifiées, ont plu dans tous les sens.
Nous avons oublié que c’est à travers la différence que notre compréhension du monde s’accroît. Nous avons fermé les yeux sur les leçons constructives issues de nos divergences.
Fin du journalisme
Nos journalistes ont eux décidé d’utiliser la langue de bois et de se taire. Ils se sont tus pour rester en vie. Il leur a fallu s’autocensurer et enchaîner leurs idées pour ne pas connaître les menaces, la violence ou la mort. Et encore, cette option ne leur était offerte que s’ils avaient toujours le droit et la possibilité d’exercer.
Les attaques perpétrées contre les radios privées ou les journalistes qui produisaient un son de cloche différent ont bien montré que les médias avaient une grande force. Ces médias et le journalisme percutant et sans concession se relèveront un jour, n’en doutons pas.
Tolérance zéro
Mais en attendant, imprégnons-nous de la rumeur. Absorbons-la ! Mâchons-la, si nous la trouvons un peu trop crue. Mélangeons-la avec un peu de notre discernement si elle nous est trop amère.
Quant à la tolérance, nous nous imbiberons visiblement d’elle dans l’autre monde. Pour l’instant, elle semble être partie dans la fumée qui a emporté nos médias.