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Ce jour-là, Micombero déposa le jeune roi Ntare V

Si le roi Mwambutsa échappe de justesse au « coup d’État » de 1965, il sera  par la suite « remplacé » par son fils le 8 juillet 1966. Toutefois, le jeune fils de Mwambutsa est à son tour déposé par Micombero, mettant ainsi fin à la monarchie séculaire. Retour sur le contexte ayant conduit à l’avènement de la République. 

On en parlait dernièrement. Dans la nuit du 18 au 19 octobre 1965, il y a eu une tentative du coup d’état contre le roi Mwambutsa. Heureusement pour lui, il s’en sort, avec le soutien des forces loyalistes. Parmi eux, le capitaine Michel Micombero. Depuis, ce dernier devient l’un des acteurs importants de la  politique dans ce qui était encore une monarchie, pour quelques temps. Mais il est important de souligner que le roi, après ce coup contre lui, partira en Suisse, pour ne plus revenir. 

Et ce ne sera pas sans effets. À travers Aude Laroque, nous apprenons que  suite à la « violence » de la réplique de ces forces loyalistes, dont Micombero, la déception est alors intense et de nouveaux leaders émergent pour réclamer plus d’intégrité et moins d’ethnisme. En même temps, l’envie de République qui avait commencé à germer quelques temps auparavant devient de plus en plus pressante. Une nouvelle élite émerge et commence à remplacer celle qui avait accompagné l’indépendance. C’est ainsi que des officiers formés en Belgique ou en France, des bureaucrates, des universitaires, des membres de l’Uneba (Union des Étudiants Barundi), prennent de l’importance dans un paysage politique burundais en pleine mutation. Ou plutôt en pleine décadence. 

Un vent de la République

Les législatives de mai 1965 étant un peu comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, ces étudiants réclament un « changement profond », la fin de  la monarchie en l’occurrence. 

C’est en tout cas ce qui ressort de la rencontre à Presles, en banlieue parisienne, des sections européennes de l’Uneba en juillet 1966. Une rencontre pour se pencher « sur les problèmes politiques, économiques et sociaux auxquels était confronté le pays, mettant en cause la monarchie qui n’avait pas su leur apporter la moindre solution, elles préconisèrent l’instauration d’une République », estime l’Historienne Aude Laroque. 

Entre temps, le jeune fils du roi, Charles Ndizeye entre en jeu. Comme une tentative de sauver la monarchie et par là l’unité de la nation burundaise. Il est proclamé roi en juillet 1966 avec comme Premier ministre, Michel Micombero,  qui n’était pas moins partisan de la république à l’instar de certains mouvements étudiants, notamment l’Uneba. Mais contrairement à Micombero, l’accession au pouvoir du fils du roi est désapprouvée par l’Uneba pour qui la monarchie ne convient plus. 

Bye bye,  monarchie !

Cette désapprobation n’arrive  pas à grand-chose, en tout cas dans un premier pas, car, le 1er septembre 1966, c’est un Charles Ndizeye qui est intronisé roi, avec Ntare V comme nom de règne. A la même époque, l’Uneba, acteur important, connaît des dissensions. Cela depuis l’assassinat de Pierre Ngendandumwe. Et à l’image de la société, certaines factions de l’Uneba commencent en effet à prendre des positions ambiguës au plan ethnique.

Et c’est là que Micombero fait encore parler de lui. Lui qui profite de l’affaiblissement de la monarchie en même temps que du soutien de l’Uneba. Le 28 novembre 1966, il opère un coup d’État. Un coup qui survient lorsque le jeune roi est en voyage à Kinshasa. C’est le début d’une République qui ne sera pas,  hélas,  une douce sinécure pour les Burundais. On y reviendra. 

 

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