Peut-on aimer quelqu’un malgré nos différences ? Peut-on vraiment aimer quelqu’un appartenant à une autre religion que la sienne sans se heurter à sa famille, à ses traditions, à un monde d’interdits tacites ? Les mariages interreligieux soulèvent souvent ces questions, mais les différences doivent-elles forcément être une barrière ? Une blogueuse s’interroge.
Un soir, après une journée merdique, je discute avec un groupe d’amies pour passer le temps. On parle de mariage, et Dieu sait à quel point je déteste ce sujet. Mais curieusement, ce soir-là, il m’intéresse. Une amie lance alors : « Peut-on tomber amoureuse d’un mec d’une autre religion, sachant que ça devient souvent compliqué dès qu’il est question de mariage ? ».
Pour moi, qui ne suis pas très habituée aux relations amoureuses, la réponse me semblait évidente : « Oui, bien sûr ! Si vous vous aimez, où se situe-t-il le problème ? ». Faut croire que j’ai trop lu de romans Harlequin…
Une des filles me regarde, mi-sérieuse, mi-exaspérée : « Il n’y a pas que l’amour. Une de mes cousines, pentecôtiste, s’est mariée à un catholique. Elle a dû changer d’église, et leur mère a même refusé de venir au mariage. Tu sais à quel point c’était frustrant ? ». Déjà, pourquoi est-ce toujours la fille qui doit s’adapter ? Mais bon, cela est un débat pour un autre jour.
En écoutant cette fille, ça m’a rappelé une amie à moi, Aïsha, issue d’un mariage mixte : un père musulman, une mère chrétienne. Pourtant, eux, ils avaient su composer avec leurs différences.
Une famille, deux religions et beaucoup d’amour
Quand on est enfant, Noël est souvent la plus belle fête de l’année pour une famille chrétienne. Pour les familles musulmanes, c’est plutôt l’Aïd. Aïsha, elle, avait droit aux deux. Elle vivait ce que la société juge souvent « compliqué » : un père musulman, une mère catholique.
J’aimais bien aller chez elle. J’adorais leur manière de manger avec les mains (chose interdite chez nous), j’aimais l’ambiance chaleureuse de chez eux, cette diversité. Chez eux, chacun avait choisi la religion qui lui parlait le plus. Aïsha avait suivi son père et ses frères, leur mère. Et malgré les différences, ça fonctionnait.
Ce qui m’avait le plus marquée, c’est qu’ils recevaient tous des habits neufs pour les deux fêtes (bon, avant que l’inflation ne frappe, bien sûr). Moi, j’en recevais à peine pour une seule !
Et si nos différences étaient notre force ?
En grandissant, j’ai compris que leur union avait un prix. Les grands-parents maternels d’Aïsha, très croyants, le genre à ne jamais manquer la messe du matin, n’avaient pas accepté ce mariage. Ils ne sont même pas venus au mariage. Un gendre musulman ? Impensable.
On dit que le temps finit par tout réparer. Bon, dans certains cas, c’est vrai, le temps a fait son œuvre. Les grands-parents d’Aïsha ont fini par accepter ce mariage avec l’arrivée du premier bébé. Et moi, aujourd’hui, je les comprends tous. Je comprends les parents qui veulent préserver leurs traditions. Je comprends que les mariages interreligieux peuvent être compliqués. Mais je sais aussi ce que j’ai vu chez Aïsha : la paix, la tolérance, l’équilibre malgré leurs différences spirituelles. Grâce à eux, j’ai compris que ça peut marcher !
Alors, si je devais répondre à la question posée dans notre groupe d’amies, oui, je peux me marier à une personne d’une autre religion, à condition, bien sûr, qu’il y ait de l’amour, de la communication et une compréhension mutuelle. Parce qu’après tout, where there is love, there is peace ! Les différences ne devraient pas être une barrière.