article comment count is: 1

Mariage au temps du Covid-19 : les Burundais ne s’y retrouvent pas…

Alors que la pandémie de Covid-19 menace la planète, au Burundi, la plupart des événements publics sont maintenus y compris les mariages. Certains instaurent des précautions. Mais sont-elles efficaces ? 

Il est 17h15, les mariés sortent de la voiture, devant la salle, des kits de lavage sont installés, les mariés ne dérogent pas à la règle, ils se lavent les mains, comme tous les invités. Après, ils entrent dans la salle, bougeant au rythme de la chanson de MOG « Today is my wedding day ». Les mesures barrières sont observées, une distance entre les filles et garçons d’honneurs, marraine et parrain. Sourires aux lèvres, les mariés font des signes de paix aux invités avant de rejoindre leurs places respectives. Une distance « anormale » s’observe entre les mariés et leurs parrain et marraine. Même dans l’autre partie de la salle, une petite distance séparent les chaises des invités. 

17h45, les boissons sont servies, les parents commencent à prendre la parole des deux côtés. Ils rivalisent à offrir (si ce n’est pas promettre) les cadeaux. La joie se lit sur leurs visages. Dans notre société, le mariage est un réel accomplissement, chaque parent est si fier de participer au mariage de son enfant. Une tante du mari, très heureuse, prend le temps de prononcer un discours évangéliste, arguant que « même le coronavirus est vaincu ». « Umwera uva i bukuru ugakwira hose », me dis-je à mon fort intérieur. Après son discours, pas question de ne pas étreindre les nouveaux mariés, « Imana irababona » (Dieu veille sur eux), souffle-t-elle au membre du protocole qui essaie de la bloquer. Gênés, les mariés se lèvent malgré eux pour la saluer.

La distanciation oubliée

Dans l’entre-temps, les invités continuent à arriver et les chargés du protocole commencent à combler les places qui étaient laissées pour la « distanciation sociale ». Dans les rangées des invités, fini les mesures de sécurité, les gens se retrouvent serrés comme dans les conditions normales. De l’autre côté, devant, les festivités continuent. Des parentés aux collègues en passant par les connaissances, ils prennent la parole les uns après les autres pour congratuler la nouvelle famille. À cause du Covid, pas d’accolades mais ils doivent approcher le couple pour la prise des photos. 

Dans mon coin, derrière, je me demande pourquoi ils ne s’embrassent pas. À les voir chuchoter dans les oreilles et se rapprocher à 0 mm, ils auraient mieux fait d’assouvir leur soif de câliner les mariés. D’ailleurs, même s’ils ne leur serrent pas les mains, ils prennent les enveloppes et autre cadeaux sans soucis.

Et l’ambiance festive s’invita…

19h30, la fête tend vers sa fin. Les danseurs prennent les mariés et les exhortent à les rejoindre sur scène pour danser. Les danseurs, les mariés, les demoiselles et garçons d’honneur, et certains membres de la famille se retrouvent tous sur la scène à danser ensemble. Ils se tiennent les mains, chantent, sifflent, dansent,… ils auraient vite fait d’oublier le danger de se rapprocher, de se toucher qu’ils craignaient au départ. 

Au sortir de la salle, des invités leur lancent des « félicitations » et certains n’hésitent même pas à les toucher. De l’autre côté, les retrouvailles des cousines et tantes. J’entends des « tu vas me faire un câlin, exclusivement, tu sais ça faisait longtemps ». Les autres, faute de se jeter dans les bras et de se serrer fort, elles chuchotent dans les oreilles, les unes se retrouvent à se tenir main dans la main ou sur les épaules. 

Et le mariage qui avait commencé dans une atmosphère Covid-19 se termine dans une ambiance de fête à la burundaise.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)