Un simple trajet en bus peut parfois en dire plus sur la vie que mille discours. Entre blagues, réflexions sérieuses et vérités qui piquent un peu, voilà comment j’ai redécouvert que le mariage, ce n’est pas seulement une affaire de cœur, mais aussi de stratégie.
Hier, je rentrais de Ngozi, où je venais de passer trois journées bien remplies de travail. Cela faisait un moment que je n’avais pas pris le bus, mais vu que se déplacer autrement coûte une petite fortune, j’ai opté pour le bon vieux transport en commun pour rejoindre Bujumbura.
Et là, jackpot : je tombe sur ce genre de bus avec un peu de musique pour ambiancer le trajet, et des passagers toujours prêts à sortir une blague ou une anecdote pour mettre de l’ambiance.
Franchement, ça m’avait manqué.
À peine le bus avait-il quitté la gare qu’un sujet de discussion a surgi de nulle part, captant aussitôt mon attention : « De nos jours, le mariage, c’est devenu une association… et pas n’importe laquelle, une association à but lucratif ! » Oui, oui, vous avez bien lu…Je vous raconte…
Vous avez dit checklist ?
L’idée est que pour se marier aujourd’hui, ici au Burundi, il faut avoir coché plusieurs cases : un emploi stable, la capacité à « gérer » un foyer, d’abord pour soi-même, puis aux yeux de sa partenaire. Ne parlons même pas de posséder une maison, mission quasi impossible pour beaucoup. Certains estiment aussi qu’avoir une voiture fait partie des critères essentiels. Bien sûr, cette checklist varie d’une personne à l’autre.
Bref, le mariage n’est plus seulement une affaire de deux cœurs qui battent à l’unisson. Non, non. C’est devenu un véritable projet d’investissement. Un partenariat mûrement réfléchi.
Alors que le débat battait son plein dans le bus, un gars assis deux rangées devant moi a lâché une phrase qui m’a marqué : « Le mariage aujourd’hui, si tu veux qu’il tienne, il faut que ce soit du gagnant-gagnant. »
Il expliquait que ce n’était plus comme avant, où l’un se sacrifiait pendant que l’autre « réussissait ». Non. Désormais, chacun doit trouver son bonheur dans la relation. Chacun doit sentir qu’il y gagne quelque chose, que ce soit en amour, en sécurité, en soutien ou en projets communs. Sinon, ça finit par exploser tôt ou tard. Et je trouvais ça terriblement vrai.
Il a même ajouté que le « win-win », ce n’était pas juste une philosophie américaine tirée de livres de développement personnel, que c’est devenu une nécessité.
Sans équilibre, sans respect mutuel des ambitions et des rêves de chacun, le mariage finit par ressembler à un champ de bataille où il y a forcément un perdant. Et dans ce genre de guerre, tout le monde perd au final.
Cela m’a rappelé une conversation avec un ami médecin, à qui j’avais demandé un jour pourquoi, souvent, les médecins épousent d’autres médecins. Sa réponse, spontanée mais percutante, m’a fait comprendre que c’est surtout une question de stabilité. Ils savent que leur partenaire pourra assurer financièrement, au-delà des autres facteurs qui composent un mariage. Bref, c’est une question de stratégie. Hahaha !
Les enfants, ce projet à long terme
Avant même qu’on atteigne Muramvya, un autre sujet a émergé : les enfants.
Un vieux monsieur, assis au fond du bus, a pris la parole. Il tenait une veste à la main, peut-être revenait-il d’un mariage, ou s’y rendait. Il parlait avec cette sagesse tranquille qu’ont ceux qui ont traversé bien des saisons. « Les enfants, c’est plus qu’une bénédiction, c’est un véritable projet à long terme », disait-il.
Ce n’est pas seulement une question d’en avoir, mais de les préparer à devenir meilleurs que nous. Les élever, les éduquer, les armer pour affronter la vie… Cela demande de la vision, de l’amour, et surtout, beaucoup, beaucoup de patience.
En descendant du bus, je me suis dit que parfois, il suffit d’un simple trajet pour recevoir des leçons de vie plus précieuses que n’importe quelle conférence.
Mais, à vrai dire, je me demande toujours si je dois chercher quelqu’un pour monter une asso… et avoir des enfants dans lesquels investir. Hahaha.
À ce rythme, il ne me manque plus qu’un business plan et un pitch deck pour convaincre la future associée !