Les récentes mesures prises par la Banque centrale pour libéraliser la politique de change ont été saluées par plus d’un. Mais sur terrain, les défis persistent. Les experts économiques recommandent à la BRB de continuer à alimenter les maisons de change en devises.
« Tel qu’annoncé au 28 avril 2023, tous les bureaux de change agréés au Burundi ont reçu une enveloppe pour servir tous leurs clients ayant des justificatifs nécessaires », a annoncé la Banque Centrale dans l’après-midi du 12 mai 2023 via un tweet.
Le 28 avril, la BRB annonçait des nouvelles dans la réorganisation du Marché Interbancaire des Devises (MID), « dans le cadre de renforcer la transparence dans la gestion des devises et permettre aux banques commerciales d’échanger leurs liquidités en devises à un taux librement négocié ».
Désormais, tous les opérateurs vont s’approvisionner à travers leurs banques commerciales et les bureaux de change suivant l’importance de leurs demandes. La BRB clarifie que les banques commerciales vont financer les importations et que les bureaux de change vont s’occuper des demandes en devises pour des fins de consommation.
Mais, pour être servi par les bureaux de change, la BRB pose quelques conditions. Il faut présenter le motif de l’achat des devises notamment les documents de voyage tel que le billet d’avion cacheté par la compagnie qui assurera le transport ou tout autre document justifiant le transport international, le passeport ou le laisser-passer valide, le visa (le cas échéant), etc. Les bureaux de change sont de leur côté tenus de délivrer des bordereaux d’achat ou de vente de devises.
La situation est toute autre sur terrain
Le 04 mai 2023, la Banque Centrale a annoncé que le taux officiel de change de 2875,17 BIF par USD dégagé par le MID servira désormais de taux de référence du marché officiel.
A voir les communiqués de la Banque Centrale, l’on pourrait penser que la situation est débloquée. Mais, la réalité est toute autre sur terrain. Sans même demander les documents exigés par la BRB, la plupart des maisons de change reconnues disent ne pas avoir de devises à vendre pour les clients qui en ont besoin. Sur 4 maisons de change où nous sommes passés ce samedi, aucune n’était prête pour vendre les devises. La réponse était catégorique. « Nous n’en avons pas ».
Les bureaux de change achètent seulement les devises détenues par les clients. Et cela sur les prix officiels. Un USD est acheté autour de 2800 FBu. « Sur connaissance, ils vous donnent les devises pour plus de 4000 FBu », précise J. P rencontré en centre-ville de Bujumbura. Les cambistes ambulants peuvent acheter quant à eux un USD à hauteur de 3800 FBu et le vendre à 4 mille FBu.
Les maisons de change se donneraient-elles à des spéculations de haut niveau malgré l’enveloppe leur accordée par la Banque Centrale ? Dans tous les cas, c’est une hypothèse qui peut être confirmée. Ou bien la BRB leur a accordé des quantités minimes de devises ?
Maintenir l’offre des devises sur le MID, une indispensable nécessité
Dans les colonnes du journal Iwacu, l’économiste André Nikwigize expliquait que la libéralisation des devises est un marché de dupes. « J’ai vu que beaucoup se sont réjouis qu’enfin, la situation redevient normale. En réalité, c’est un leurre. Comme on le dit souvent, le diable est dans les détails. En réalité, il n’y a pas de devises disponibles ». Pour les bureaux de change, la situation sera encore plus compliquée : « D’abord, on leur demande d’exiger de leurs clients des justificatifs pour leur achat de devises (billets d’avion, et autres), ensuite, comme les quelques devises reçues vont s’épuiser rapidement, ces bureaux vont se retrouver à la case départ. »
Saluant les récentes mesures prises par la Banque Centrale dans la libéralisation du marché de change, Faustin Ndikumana, directeur national de PARCEM recommande de prendre des mesures d’accompagnement pour débloquer la situation.
La meilleure façon selon cet économiste est de continuer à alimenter le MID en quantité suffisante des devises. Il faut maintenir l’offre de la Banque centrale sur le MID. « La BRB a la lourde responsabilité dans cette situation de crise notamment de rendre disponible les devises ». Elle peut, selon lui, compter sur les aides, les appuis multilatéraux ou bilatéraux, les emprunts. Cela, pour augmenter le niveau des réserves de change qui est l’indicateur par excellence de la disponibilité des devises.
Le récent prêt de 216 millions USD promis par la FMI et les deux lignes de crédit de 125 millions en faveur de la Bancobu et de la BCB pourraient contribuer dans ce sens. Il signale de passage que la structure de la balance commerciale qui reste lourdement déficitaire en défaveur du Burundi est une entrave. Il fait savoir que le taux de couverture des exportations par les importations reste en décas de 20%.
Dans le long terme, il faut une transformation profonde de l’économie burundaise pour booster les exportations. Pour Faustin Ndikumana, une enquête minutieuse est une urgence pour établir les responsabilités des gens qui ont bénéficié des devises mais qui les ont utilisés dans la spéculation sur le marché parallèle.
Les mesures sont supers. Mais le fait d’exiger les documents pour celui qui a besoin les devises bloque le peuple de basse classe car on peut avoir besoin des centimes de devise pour acheter un bien où un service ( exemple: une formation en ligne) à l’étranger sans avoir les documents exigés pour avoir les devises qu’il faut pour acheter le bien ou le service. Veuillez demander l’amélioration de ses mesures pour que tout le peuple soient traités de même manière. Sinon , on vole les enfants du pays au marché noir
bloque le peuple de basse classe car on peut avoir besoin des centimes de devise pour acheter un bien où un service ( exemple: une formation en ligne) à l’étranger sans avoir les documents exigés pour avoir les devises qu’il faut pour acheter