L’OBUHA (Office burundais de l’habitat), sous la houlette du ministère de tutelle, a fait un appel d’offre à ceux qui veulent des logements sociaux en location-vente. Plus de 4800 personnes se sont déjà fait inscrire. Cependant, 26 personnes ont demandé le remboursement des frais qu’ils avaient déjà engagés, et donc d’être retirés de la liste. Ces blogueurs avertissent qu’il ne faut pas prendre un logement en location-vente sans y avoir bien réfléchi.
« La Mutangite » a fait des ravages. C’était une « maladie » qui a touché certains jeunes fonctionnaires obligés de payer la moitié de leur salaire au service des bâtiments civils pour l’acquisition de leurs maisons dans le nouveau quartier de Mutanga sous le régime de Bagaza. L’Etat vient d’épousseter cette ancienne politique. Je ne suis pas médecin mais, il paraît que cette « maladie » a laissé des traces. Il faut savoir que la politique de location-vente ne date pas d’hier. Elle a été instaurée depuis 1973 sous le régime de Micombero et pérennisée sous la présidence de Bagaza afin de permettre aux fonctionnaires de l’Etat de trouver des logements. Mais à cette époque, il était aussi question de réduire les coûts que l’Etat allouait à la location des maisons pour ses fonctionnaires.
Des réminiscences
C’était une bonne politique, selon Simon Kururu qui a bénéficié de cette politique de location-vente sous le régime de Bagaza. Ce septuagénaire travaillait à l’époque pour la presse publique. « C’est une bonne politique car elle permet aux fonctionnaires de l’Etat de travailler dans la sérénité », affirme Kururu. Toutefois, il faut, selon lui, avoir la garantie que le fonctionnaire restera au travail pendant 15 ou 25 ans de préférence.
Pour Juvénal Ngorwanubusa, professeur à l’université du Burundi, ce sont les conditions de vie des fonctionnaires preneurs des maisons en location-vente qui ont fait qu’ils se lancent dans d’autres activités génératrices de revenus afin de joindre les deux bouts du mois : « Ce fut un terrible sevrage pour les jeunes fonctionnaires dont la plupart logeaient auparavant dans des hôtels tel le Doyen ou encore l’hôtel Central. La vie fut particulièrement difficile », se rappelle Pr Ngorwanubusa.
Bientôt une autre épidémie de la « Mutangite » ?
Heureusement qu’elle n’est pas contagieuse la « Mutangite ». Simon Kururu rassure que cette maladie n’a pas existé. C’était une blague : « On blaguait comme quoi les gens de Mutanga ne mangeaient plus de la viande, rien que la sauce aux aubergines, d’où l’origine de la « Mutangite ». M. Kururu explique que l’on prélevait de l’argent sur le salaire des fonctionnaires avant de loger dans ces bâtiments. « C’était donc un prélèvement qui s’ajoutait au loyer mensuel. C’était catastrophique. Beaucoup de fonctionnaires sont tombés dans la précarité », se remémore le sage de Mutanga.
Il précise aussi que ce programme a touché les quartiers Buyenzi, Nyakabiga, Jabe et Musaga en mairie de Bujumbura. D’où l’intérêt, aujourd’hui, de s’assurer que les études de projections soient bien faites. « Est-ce qu’avec les salaires actuels, on peut garantir qu’en 15 ou 20 ans un bénéficiaire d’une maison en location-vente aura déjà terminé de rembourser ? », s’interroge Kururu.
L’urbaniste Chris-Noël Nduwimana n’est pas loin de ce que vient de dire Kururu. Il pense que le projet visant à donner des logements sociaux est bon en soi. Néanmoins, il ajoute que des projets d’envergure doivent être précédés par des études approfondies. Ces études déterminent les avantages et les inconvénients avec ou sans le projet. Tous les gens qui se sont faits inscrire ont-ils la capacité de rembourser ?, se demande Chris-Noël.
La location-vente est-elle une solution miracle pour juguler la hausse des loyers dans la ville de Bujumbura ? Je n’en sais rien, le temps nous le dira. Mais le projet a le mérite de proposer une solution au problème du manque de logement.
Un très bon clin d’œil.
l’OBUHA = Office Burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction pas Office Burundais de l’Habitat!!
C’est quoi cette histoire de loyer mensuel s’ajoutant au prélèvement? Ça n’a pas de sens. Quand on paye la location vente on ne peut pas payer de loyer. Sans ce système de location vente beaucoup de petits fonctionnaires n’auraient jamais pu accéder à la possession d’une maison.
Le programme de location vente a touché les quartiers de Mutanga sud, Ngagara Q6. Il n ‘a pas touché les autres quartiers.Les projets de Musaga et Jabe étaient différents. Un autre programme par lequel l ‘État aidait ses employés à obtenir des crédits de construction auprès des banques en payant les intérêts sur les prêts.