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Libération des prisonniers : une peine perdue ?

Malgré que jeudi 16 mars 2023 la ministre de la justice a libéré 293 prisonniers de la prison centrale de Mpimba, la population carcérale reste très élevée. Ce geste suit des grâces présidentielles annoncées presque chaque fin d’années. Certains pensent que c’est presque un coup d’épée dans l’eau. Qui améliorera les conditions carcérales au Burundi ? Notre blogueuse s’interroge.

Depuis un certain temps, le gouvernement burundais s’est rendu compte que les prisons étaient de plus en plus surpeuplées. Il a ensuite tenté d’arrêter des mesures de désengorgement. Il les a plutôt annoncées. L’annonce la plus importante et la plus récente est le décret du 05 mars 2021 portant mesures de grâce. Cette mesure était salutaire car 5200 prisonniers, soit 40% de la population carcérale allaient être libérés.

La libération concerne aussi les détenus ayant purgé ¼ de leur peine. Ainsi, le 16 mars 2023, la ministre de la justice Domine Banyankimbona, accompagnée du procureur général de la République et du président de la Cour Suprême ont octroyé des billets de sortie à 293 prisonniers de la prison centrale de Mpimba. Il s’agit de 93 personnes qui ont purgé le quart de leur peine tandis que 200 ont reçu la liberté provisoire : « Ils se sont bien comportés pendant cette période d’incarcération. D’autres sont poursuivis pour des infractions mineures », a expliqué la ministre Domine Banyankimbona. Toutefois, les bénéficiaires de cette mesure continueront à comparaître pour faciliter la clôture de leurs dossiers.

Pour Ntabariza, « c’est une goutte d’eau dans l’océan »

Jean Marie Nshimirimana, représentant légal de l’Association de défense des droits des prisonniers NtabarizaSPF salue les initiatives du gouvernement burundais allant dans le sens de désengorgement du système carcéral burundais. Cependant, trouve cet activiste, les chiffres des prisonniers restent très élevés.

« Toutes les 11 prisons centrales que compte le Burundi dépassent de loin leur capacité d’accueil maximale. La prison de Mpimba qui a la capacité d’accueil de 4.000 prisonniers compte plus de 12. 000. La prison centrale de Ngozi a une capacité d’accueil de 800 prisonniers. Actuellement, cet établissement pénitentiaire du Nord du Burundi comprend plus de 4.000 détenus », déplore Jean Marie Nshimirimana.

Pour cet activiste, il faut accélérer l’allure de libération des prisonniers pour désengorger ces prisons. Jean Marie Nshimirimana de l’association NtabarizaSPF propose aux juges de ne pas considérer la prison comme la seule peine. Il faut suivre d’autres voies juridiques tracées par le chef de l’Etat dans ses différents discours.

La rénovation des prisons, une nécessité 

Pire encore, regrette l’association NtabarizaSPF, toutes les prisons datent de l’époque coloniale. Elles n’ont pas été rénovées ni agrandies. Tous les centres de détention du Burundi sont extrêmement surpeuplés. Et cela malgré les initiatives de l’Etat visant le désengorgement des prisons. Il faut en tout cas privilégier les travaux d’intérêt général si non la situation risque de dégénérer. « Le chef de l’Etat a donné des orientations, pourquoi ne sont-elles pas suivies? », s’interroge le responsable de Ntabaziza-SPF. Il y a nécessité de réorienter la politique carcérale en vue d’alléger les conditions pénibles que vivent les prisonniers aujourd’hui. 

 

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