« Accélérer le changement » était le thème de la journée mondiale de l’eau qui a été célébrée ce 22 mars 2023. Un fait qui n’a pas laissé indifférent un blogueur de Yaga compte tenu de la pénurie d’eau à Bujumbura en plein milieu des épidémies des mains sales. Il a alors décidé de laisser une petite missive à la Régie de Production et de Distribution d’eau et d’électricité du Burundi (Regideso) et à l’Agence Burundaise de l’Hydraulique et de l’Assainissement en Milieu Rural (AHAMR).
Cher Regideso, Cher AHAMR,
Ce 22 mars, je me suis souvenu que c’était la journée mondiale de l’eau. La première personne avec laquelle j’ai voulu partager cela, c’est vous. Pourquoi ? Parce que l’eau potable est de plus en plus rare à Bujumbura. Même chose en milieu rural. Selon les chiffres, pratiquement toutes les 3 000 collines que compte le Burundi regorgent de plus de 30 000 sources d’eau, mais malheureusement 30 % de la population rurale est encore privée d’eau potable alors que ce milieu rural abrite plus de 90 % des Burundais.
Avec des robinets secs pendant des jours, voire des mois, le quotidien des familles se complique. Se laver les mains dans les restaurants du quartier ou après la toilette est devenu un luxe. Le peu d’eau qu’on parvient à avoir est réservé à la cuisson. Ce qui a sauvé un peu les familles, ces jours-ci, c’est la pluie. À chaque fois, elles en profitent pour remplir tout ce qui est récipient dans la maison. Face à cette rareté, les gens n’hésitent pas à faire recours à l’eau des rivières. Que voulez-vous qu’on fasse ? Oui, elle est sale, mais on n’a pas d’autres choix.
Bonjour les épidémies
Chers Régideso, cher AHAMR, cette situation n’est pas sans conséquences. Souvent, pénurie d’eau rime avec maladie des mains sales. Il n’y a alors rien d’étrange que le 1er janvier 2023, l’épidémie de Choléra, qui est une maladie des mains sales, a été déclarée au Burundi. Le 17 mars 2023, l’épidémie de poliomyélite, une autre maladie des mains sales, est aussi déclarée suite à la détection du poliovirus circulant de type 2 dans les cinq échantillons provenant de la surveillance environnementale des eaux usées à Bujumbura.
Selon un rapport, 92 % des Burundais n’ont pas accès au système de lavage des mains avec l’eau et le savon. Comment faire la prévention du Covid-19, qui est dans nos murs, sans eau ? Comment mettre en application la note du ministère de la Santé qui nous incite à se laver fréquemment les mains avec de l’eau propre et du savon pour se prévenir de l’épidémie de Marbourg qui est à notre porte ? Des questions qui méritent de vraies réponses.
Accélérer le changement
Cher Régideso et AHAMR, sans vous mentir, certains croient que votre façon de faire relève de la négligence ou du manque de respect envers la population. Mais, si nous savons que tout ce que le pays dispose comme infrastructure date d’au moins plusieurs dizaines d’années, je vous comprends. Il est compréhensible que ce matériel tombe souvent en panne, ou qu’il ait des dysfonctionnements. Au moment où plus de 80 % d’eau consommée dans la ville de Bujumbura vient du lac Tanganyika, un seul point de captage ne peut pas servir aujourd’hui toute la population de Bujumbura, estimée à plus de 1,2 millions. Deux ou trois autres points de captage devraient être installés. La solution, il faut augmenter les fonds alloués à l’eau et assainissement pour multiplier les infrastructures d’eau potable et mieux répondre aux chocs sanitaires.
Mais avant toute chose, il faut libéraliser ce secteur. Si vous n’êtes pas capable de le faire, il faut permettre aux investisseurs privés de travailler dans ce domaine. Si notre pays a été élu un des vice-présidents de la conférence des Nations Unies sur l’eau, ce n’était pas pour apprendre aux autres ce qui ne se fait pas chez nous.
À bon entendeur, salut !
Des semaines, des mois o lalaaaa…