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Lettre au Ministre de l’Energie et des Mines : « En attendant Godot ?»

Depuis que le Ministre de l’Energie et des Mines a annoncé que l’électricité serait de nouveau disponible avec le mois d’Août, la blogueuse Inès Ininahazwe vivait dans l’espoir. Malheureusement les jours se succèdent, sans rien apporter de nouveau à l’obscurité qui enveloppe Bujumbura comme une chape de plomb. La jeune femme choisit de lui adresser une lettre pour lui rappeler ses promesses: 

M. le  Ministre, il y a quelques jours, vous  avez  annoncé le retour de l’électricité avec le mois d’Août. Je ne désespère pas encore! Août n’est pas déjà à sa fin. Bujumbura ma ville, que j’appelais jadis ville de lumière n’existe plus. Du moins ce nom n’est plus valable. Est-elle encore digne d’être appelée la capitale du pays, quand certains de ses habitants, ouvriers, petits entrepreneurs,…, sont dans l’incapacité de travailler, à cause du manque de courant? L’espoir suscité par votre annonce commence à s’effriter.

Nos quartiers n’ont plus la chance d’avoir et de voir le courant pendant au moins une demi-journée. Mais ça je pense que vous le savez. Aujourd’hui, je me suis promenée dans un quartier qui ne connaît pas de délestage.  Oh, la soirée, j’y étais encore. C’était un tel régal pour moi qui ne vois la lumière qu’une heure pendant toute la soirée. Je n’ai pas voulu rentrer quand je me suis souvenue du blackout qu’il y a chez moi. Je me suis dit, pour vivre dans de si « belles conditions », peut-être qu’il faudrait qu’on ait la chance d’avoir un dignitaire dans notre quartier. Je me suis encore dit que nous  devrions changer de quartier. Ou oserais-je vous demander, cher M. le ministre, de venir vivre un peu de temps chez nous. Si vous daignez accepter, nous espérons profiter agréablement de votre présence, car vous illuminerez nos jours et nos nuits. Je n’en doute pas.

Aujourd’hui, on envie ceux qui habitent l’intérieur du pays. Il est rare qu’on leur coupe le courant. Il n’y a pas longtemps on les taquinait. On leur disait d’avoir été attiré par les lumières de Buja, « mwaje mu mu muji kuraba amatara. » Hélas aujourd’hui, ce sont eux qui nous le disent.

Voyez-vous M. le Ministre, nos téléphones sont toujours à plat, faute de courant. Les habits on en parle plus. Quand on a un événement de prévu, on se prépare deux jours à l’avance, sinon, on passe nos soirées dans le style froissé. Et quand on a des invités, on préfère qu’ils viennent au moins le week-end, pendant la journée, car le soir, ce n’est pas vraiment approprié.

J’aimerais un jour me réveiller, sachant que je peux repasser mes habits, et que le soudeur d’en bas de chez nous peut venir réparer cette fenêtre qui attend depuis des mois et qu’on a bouché avec des cartons de peur de prendre un coup de froid. Je sais Noël n’est pas encore là, mais j’ose demander, Votre grâce, que les quelques jours qui restent d’Août soient éclairés, avant la hausse du prix de l’électricité. Parce qu’après, je ne sais pas si mes parents auront le loisir d’acheter du courant.

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