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Une lettre à mon smartphone

Le téléphone portable 2.0 s’est immiscé dans nos vies, pour le meilleur et pour le pire. En s’adressant à son smartphone dans une envolée épistolaire exquise, le blogueur Ivan-Corneille MAGAGI III illustre parfaitement  les rapports ambigus que nous entretenons avec cette technologie envahissante.

Cher smartphone,

Cela fait des années que nous sommes particulièrement liés. On partage notre quotidien et tous ceux qui te connaissent t’identifient à moi, comme un fils à son père. Aujourd’hui, il me vient à l’esprit de faire une rétrospection, au sujet de notre relation.

Avant que tu n’apparaisses dans ma vie, tu étais un parfait inconnu auquel je ne songeais nullement. Tu n’exigeais rien de moi, tu n’existais pas, j’étais en paix. Aujourd’hui, je ne peux plus passer 30 minutes éveillé, sans songer à te pianoter.

Dès les premières heures de notre relation, je t’ai personnalisé ; j’ai changé certaines de tes fonctionnalités, quitte à te décorer à mes couleurs. Je voulais marquer mon territoire, prendre le dessus sur toi, te dominer. Aujourd’hui, je ne sais plus qui est maître de l’autre… Dépendance ou asservissement, je ne saurais juger.

Avant de faire ta connaissance, au secondaire, j’étais appliqué à l’école. Je n’étais autorisé à toucher mon téléphone que durant les vacances. J’étais le premier de la classe. Aujourd’hui, à l’université, je me permets de t’utiliser en plein cours ou pendant mes révisions. Au début, j’appelais ça liberté. Aujourd’hui, je ne parviens plus à me classer dans la bonne moitié en classe, et j’appelle ça médiocrité. C’est vrai, des fois, tu me permets de préparer mes leçons et mes devoirs bien plus rapidement  car tu es aussi efficace qu’un ordinateur, alors que tu coûtes beaucoup moins cher. Mais on sait aussi qu’avec toi sont aussi venues beaucoup de nouvelles ruses de tricherie.

Combien de fois ai-je oublié de prier avant de dormir ?Mais toi, je ne t’oublie jamais ! Je ne compte plus le nombre de journées que je passe au lit, à me servir de toi sans rien faire d’autre. Je ne crois pas avoir été aussi oisif avant de t’avoir. Lire des contes pour enfants pourrait être beaucoup plus instructif.

Depuis que je te possède, je dépense beaucoup d’argent pour te faire réparer et pour te trouver des accessoires. Tout mon argent de poche passe dans la communication. Tu m’as peut-être permis d’avoir beaucoup plus d’amis. Mais combien parmi eux sont de véritables amis ? D’ailleurs, de nos jours, tu es susceptible de me créer des ennuis avec les agents de police à tout moment.

Vu cela et tout ce que je peux avoir oublié d’autre, je voudrais que tu m’écrives pour pouvoir négocier un nouveau contrat. J’espère que dans ta réponse, comme moi, tu me feras savoir tes doléances.

Bien à toi!

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