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Les domestiques sont des humains

Les bonnes sont les gardiennes du plus grand trésor que des parents peuvent posséder : leurs enfants. Pourtant, souvent, leurs droits fondamentaux sont bafoués. La blogueuse Louise Riziki s’insurge contre les traitements dégradants réservés aux nourrices.

Dimanche passé, je suis allée rendre visite à ma tante. Elle est médecin, et comme sa profession l’exige, elle est des fois de garde et découche donc fréquemment. Son mari est un ingénieur. Aussi, il se déplace souvent en raison de son travail. Parfois, j’y vais donc pour tenir compagnie à mon neveu de deux ans laissé sous la surveillance de leur domestique, une fille très sympathique au cœur d’or.

Hélas, ce dimanche j’ai assisté à une triste scène. Une voisine entre en trombe dans le salon, elle est dans tous ses états et s’adresse à ma tante : « Pas plus tard que ce soir, nous serions entrain de te consoler ! Avec toutes les peines que tu as endurées à la maternité, tu veux tout perdre d’un seul coup ? Qu’allais-tu expliquer à ton mari ? ». Mon neveu avait brièvement échappé à l’attention de la bonne dans l’après-midi et un véhicule roulant à vive allure l’a évité de justesse.

Des  situations qui se rééditent

La réaction de ma tante a été terrible, comme je le redoutais. Comme ce fut le cas dans notre enfance, la bonne devait payer le prix de son inattention. Elle qui suit chaque jour à la lettre tout ce que ma tante ordonne s’est fait violement gifler. Son dévouement au travail ne l’a pas sauvé des coups. Que d’insultes et des mots lourds à l’égard de la pauvre bonne. La jeune fille est donc sortie du salon en pleurant.

Cette situation m’a rappelé ce que je voyais pendant mon enfance, quand des « rapporteuses » faisaient irruption dans notre ménage. Nos bonnes recevaient un traitement inhumain à la suite d’un rapport la plupart du temps exagéré.

Les enfants, des dommages collatéraux

Voyant le traitement subi par la bonne, mon jeune neveu n’a pas pu retenir ses larmes. Il n’arrêtait pas de pleurer même quand sa mère essayait  de le consoler. Innocent qu’il était, il reconnaissait dans sa nourrice l’apprentissage de ce qu’il savait déjà faire : marcher, parler, distinguer le bien du mal, toute son éducation de base. Les pleurs étaient l’unique façon d’exprimer son désaccord envers l’ingratitude de sa maman, une façon de soutenir la bonne, traitée comme un objet sous prétexte que la famille lui versait un salaire.

Les femmes disent avec raison que la dot est juste un symbole car personne ne peut récompenser leurs parents. Elles devraient savoir aussi que le salaire des bonnes ne devrait pas leur coûter leurs droits fondamentaux, car si l’argent nous divise en classe sociale, nous restons tous des êtres humains.

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Les commentaires récents (2)

  1. Bravo Riziki. Non seulement le problème que vous venez d’évoquer, c’est en plus l’interprétation de ces gifles dans le contexte actuel du Burundi : elle me frappe parce que je ne suis pas de la même ethnie qu’elle, parce que nous ne venons pas de la même région, parce qu’elle est médecin et moi non instruite,… Vous vous rendez compte jusqu’où cela peut aller ?
    De plus, quel exemple pour l’enfant ! A son âge, il est devant l’injustice et la violence d’où ses pleurs.
    Apprenons à respecter les plus faibles que nous, ils nous respecteront à leur tour. Ne réclamons pas agateka ka muntu si nous ne sommes pas nous mêmes capables de respecter les autres. Ubuntu burihabwa.

  2. Bien dit… à cela faut savoir que demain si la maman retourne au bureau, dans bien des cas, l’enfant devra subir toute l’injustice que les parents infligent à la bonne.