Que ce soient les résidents du quartier ou non, bon nombre d’habitants à Buja connaissent ou ont déjà entendu parler du cabaret surnommé “Ku bayaya”. Ce lieu suscite la curiosité de tous. Au-delà de son surnom mystérieux, se cache une multitude de récits fascinants et de surprises insoupçonnés.
A la périphérie de Ngagara quartier 6, vous trouverez un bar très renommé appelé “Ku bayaya”. Sont nombreux ceux qui n’ont jamais franchi les portes de ce petit cabaret et pourtant, tout le monde en a déjà entendu parler, suite à son nom évocateur qui éveille la curiosité. Pour ceux qui s’égarent dans les parages du quartier, “Ku Bayaya” est devenu un point de repère incontournable.
La première fois que j’ai entendu ce nom, j’ai été intrigué par le mystère qui l’entoure. À cause de ce même nom, j’avais imaginé à tort que “Ku Bayaya” était un établissement “old school”, avec des peintures démodées, un comptoir usé, et un environnement peu soigné. Je pensais qu’il ressemblait à d’autres bars que l’on s’amuse à surnommer “muri mukubite umwice”, où la clientèle ivre trouve du plaisir à donner de petites claques sur les fesses des serveuses, ou bien se livre à des disputes interminables, à des lancers de bouteilles, bref un cabaret peu respectueux.
Cependant, ma surprise fut immense lorsque j’ai enfin découvert le cabaret. Cet établissement est un lieu élégant, avec des comptoirs raffinés, certains en bois, d’autres intégrés aux murs impeccables. Les peintures, d’une blancheur éclatante, m’ont laissé sans voix. Les clients sont des jeunes civilisés, et la propreté du cabaret est tout simplement remarquable. En arrière-plan, se dresse, une maison d’habitation, appartenant au propriétaire.
Un surnom mystérieux
Découvrir l’origine du surnom “Ku bayaya” n’est pas une mince affaire. C’est un mystère rempli par d’autres mystères. Par exemple, selon un collègue, on aurait donné ce surnom au cabaret en raison de nombreuses filles très peu attirantes du proprio, habitant toutes sous la même toiture. Cependant, un jeune de mon âge, qui a grandi à proximité de ce cabaret et natif du quartier, affirme que son appellation découle de l’abondante clientèle de “abayaya” qui résident dans les blocs avoisinants. Et quant à l’un des chefs et natif du quartier, il réfute catégoriquement toutes ces hypothèses. Selon lui, ce bar a été baptisé “Ku bayaya” en raison d’un incident : « Un jour, un jeune du quartier, qui ne réside plus au Burundi, a insulté la gérante du cabaret, fille du propriétaire, devant une foule de buveurs assidus, en la traitant de “umuyaya”. Depuis ce jour, l’endroit a conservé ce nom. »
“La verdure de Ngangara”, un nom qui a dérouté
Toutes ces hypothèses ont éveillé ma curiosité et m’ont incité à creuser davantage. Une fois arrivée au cabaret, j’ai discuté avec un responsable qui m’a révélé que l’établissement porte en réalité le nom de « La Verdure de Ngangara ». Il a également mentionné qu’il avait lui aussi tenté de découvrir l’origine de ce surnom, mais en vain. Lui aussi a entendu de nombreuses versions différentes. Cependant, il affirme qu’il est fréquent, les dimanches lors des sorties des grooms et des bonnes du quartier, que ceux-ci se rendent au cabaret et sirotent quelques bières.
Je n’ai pas mis de côté les propos du gérant actuel, fils du propriétaire. Il avoue ne pas connaître la véritable raison derrière le surnom. Selon lui, le cabaret a ouvert ses portes vers l’an 2000, à une époque où de nombreux autres cabarets concurrents émergeaient dans le quartier de Ngagara. Malgré cette concurrence, le cabaret “La Verdure de Ngangara” avait une grande clientèle. Il se peut donc que des rivaux jaloux aient utilisé le surnom “Ku bayaya” pour salir la réputation du cabaret. C’est la théorie que soutient le gérant actuel.
À mon retour du cabaret, j’ai été envahie par une multitude de réflexions. J’ai été frappée par la manière dont une simple rumeur peut prendre des proportions démesurées et persister au fil des années. Tout ce que je sais, c’est que le surnom “Ku bayaya” a contribué à faire connaître le cabaret bien au-delà de ses frontières.
Heureusement, que bon nombre de ces « bayaya » ne vont pas lire ces lignes. Cette article est dénigrant burya. Il traite les « bayaya » nabi pee.