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P. Kagame à Bujumbura: am I dreaming ?

Bujumbura s’est réveillée ce 4 février avec un évènement de marque : le 20ème sommet des Chefs d’Etats membres de l’EAC. Parmi les visiteurs, il y a le Président rwandais Paul Kagame, contre lequel des membres du parti au pouvoir burundais avaient manifesté en 2016. Cette visite fait la grande surprise de ce blogueur.

Il est 11h15min, heure de Bujumbura. Un collègue partage une photo dans notre groupe WhatsApp. Sur celle-ci, un officiel du gouvernement burundais, dos légèrement courbé vers l’avant, visage manifestant des émotions mitigées, moitié sourire moitié peur avec une veine temporale superficielle bien turgescente, serre la main du Président rwandais, Paul Kagame.

Ce dernier, lui aussi de taille légèrement penché vers l’avant, un regard manifestement autoritaire, serre également la main à son hôte.

Le premier est de taille un peu courte, le deuxième très élancé. Comme si cette supériorité de la taille physique ne suffisait pas, les deux semblent nous offrir un bonus en nous l’exprimant également dans leurs expressions faciales.

Je n’en reviens pas. Kagame à Bujumbura ? Is it really true ?

Je sais que ce 4 février, il est prévu que le grand bâtiment de Ntare House abrite le 20ème sommet des chefs d’Etats de l’Afrique de l’Est. L’évènement est tellement de grande taille que souvent, de fausses informations en profitent pour faire surface, peut-être pour duper les âmes moins avisées.

Mais cette fois, ma conscience est zen, je ne vais pas me faire duper. Illico, j’ouvre mon twitter, direct sur le compte de Ntare House pour une première vérification. Il est 11h19, je tombe sur la nouvelle d’il y a 4min : « le Président de la République du Rwanda, SE Paul Kagame vient d’arriver à l’aéroport international Melchior Ndadaye pour participer au 20ème sommet des Chefs d’Etats de l’EAC qui se tient ce samedi à Bujumbura. »

C’est bon, l’information est authentique. L’ombre de la rumeur ne plane plus au-dessus de moi. Mais, la surprise, elle reste.

Rétrospective: pages 2015 et 2016

Vous devez l’avoir deviné, cette nouvelle vient de bouleverser ma mémoire jusqu’à retourner les pages 2015 et 2016 de notre passé imparfait. C’était aussi un certain samedi de février, à Bujumbura, mais le 13 et en 2016. Certains habitants de Bujumbura avaient été matinaux dans la rue pour une marche manifestation pour « protester contre un contingent armé international et le Président rwandais Paul Kagame ». Ils étaient une foule, mobilisés par le parti au pouvoir, pour dire : « Kagame tuzomumesa » (Kagame, nous allons le lessiver, Ndlr). Qui encore ? Oui, c’est bien de l’un des grands visiteurs dont nous avons eu l’honneur d’accueillir aujourd’hui dont ils parlaient dans leurs chansons et démonstrations.

A cette époque, un blogueur de Yaga avait conseillé à ses compatriotes burundais de « laisser le Rwanda tranquille », que « les Burundais sont les premiers responsables de la crise que traverse leur pays ». Le futur, qu’est le présent aujourd’hui, lui accordera raison.

Ne jamais dire jamais

« Il ne faut pas dire: fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». C’est un proverbe français, apparemment d’origine italienne. La littérature raconte que ce proverbe est tenu d’un ivrogne qui avait juré qu’il ne boirait jamais d’eau, mais qui mourut en se noyant dans le bassin d’une fontaine. Il est dit que sa plus grande douleur ne fut pas de sentir qu’il mourrait, mais plutôt que cela se passait dans l’eau.

Est-ce encore Bujumbura qui s’est mobilisée ce matin pour recevoir le Président rwandais, Paul Kagame? La réponse est « bien sûr » et la leçon de morale à retenir est simplement: ne jamais dire jamais.

Enfin, je comprends maintenant l’expression du visage du monsieur qui a été envoyé pour recevoir P.K à l’aéroport Melchior Ndadaye. Comme moi, il n’en revenait pas du tout!

 

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