Derrière la réalisation d’une infrastructure, il y a toujours un ingénieur. Lorsque cet ingénieur est une femme, cela attire d’autant plus l’attention, étant donné leur faible représentation dans ce domaine. Parlons de l’une d’elles qui ne s’est pas limitée à intégrer ce métier, longtemps considéré comme un secteur traditionnellement masculin, mais a aussi pensé à organiser d’autres femmes en association pour les inciter à oser se mesurer aux hommes dans ce domaine. Portrait.
« Je suis fière de ce que je suis et je vis la vie que j’ai rêvé de vivre », déclare Jeannette Kaneza, sourire aux lèvres. Troisième d’une fratrie de sept enfants, cette lauréate de l’Université du Burundi (UB) a toujours voulu se démarquer. Depuis son enfance, elle rêvait de rejoindre un domaine à fort impact : médecine ou ingénierie. Sa crainte des plaies et du sang l’a donc naturellement orientée vers le génie civil. C’est ainsi qu’elle devient géotechnicienne après quelques années de formation.
Étant la seule fille d’une classe de 40 étudiants à l’UB en dernière année, Jeannette ne s’est jamais sentie marginalisée, même si elle était parfois gênée par les écarts de langage de ses camarades de classe masculins. Ses professeurs l’ont encouragée, si bien qu’elle n’a jamais douté de sa capacité.
L’ingénieure se souvient toujours de ce jour où un entrepreneur a refusé de lui accorder un stage, arguant qu’employer une femme engendrerait des coûts supplémentaires. « Cela m’a révoltée. On devrait me juger sur ce que je peux apporter, pas sur mon genre », confie-t-elle. Cette expérience a agi comme une fermeture de voie, la poussant à emprunter une route plus large d’opportunités. La même année, elle se rend au Rwanda pour une formation en céramique où elle décroche un stage avant d’être embauchée.
Une vision et des actions concrètes
En février 2018, encore étudiante, elle a l’idée de créer FIADI (Femmes ingénieures actives pour le développement inclusif) pour rassembler et soutenir les femmes ingénieures. L’association, mise sur pied avec d’autres dames, obtient son agrément en octobre de la même année. C’est un accomplissement qui marque le début de son combat pour l’égalité et l’excellence.
Par rapport à cette initiative, Kaneza déclare : « Nous sensibilisons avec des faits réels à l’appui, pour que les jeunes aient des modèles et se disent :« Je peux faire mieux ».
Le monde ne peut pas se développer sans les femmes
Rousseau dit : « L’homme est naturellement bon, c’est la société, telle qu’elle est, qui le corrompt ». Madame Kaneza est adepte de cette idée. Elle trouve que « la bonté innée des gens est souvent altérée par la société ».
La native de la commune de Mukike, qui savoure encore son voyage à Zanzibar, a comme plat préféré les pommes de terre cuites. Elle a aussi un faible pour la méditation. La dame qui a grandi sans mère déteste le retard et les mensonges.
Son message : « Les femmes doivent travailler corps et âme. Le monde ne peut pas se développer sans elles ». Encourageant les jeunes filles à faire de longues études, Jeannette Kaneza porte le flambeau d’une génération de femmes ingénieures décomplexées. Des femmes dont les rêves, nourris par la passion et l’action, contribuent à transformer le monde.
