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Les initiatives citoyennes sans l’aval de la classe politique sont une utopie

En réponse au billet du blogueur Yves Irakoze qui appelait les citoyens à prendre les affaires de la cité en main, le blogueur Egide Nikiza nuance, et met en évidence les limites de ce système.

Je soutiens que les citoyens aient vraiment droit au chapitre de la gouvernance des affaires de la cité. C’est le principe de la redevabilité des dirigeants envers les dirigés. Cela peut efficacement se concrétiser par le truchement de différentes initiatives citoyennes dont des organisations telles des groupes de pression ou d’intérêts. Mais contrairement à vous, je vois plutôt la marge de manœuvre des initiatives citoyennes limitée au moment où vous, si j’en crois aux idées exprimées dans votre billet, vous les préférez aux hommes politiques et par ricochet au pouvoir politique. Je vais peut-être vous désorienter dans les lignes suivantes et je vous prie de ne pas m’en tenir rigueur.

Personnellement, je trouve que l’Etat est irremplaçable dans la gestion de notre pays et de surcroît, il doit le demeurer sous peine de voir la situation empirer. Un Etat, aussi mauvais soit-il, reste préférable que son absence pure et simple. Ce n’est pas un politologue qui oserait me contredire.  Vous voulez un exemple ? Qu’est-il devenu la Somalie après la chute de Siad Barre en 1991? De ce qui précède, j’en déduis qu’il faut au moins plaider pour le renouvellement de l’élite politique au lieu de son écroulement. Comme vous, je trouve que l’élite politique qui préside aux destinées du pays des tambours sacrés depuis son indépendance éprouve des difficultés. Elle laisse vraiment à désirer. Cependant, loin de moi l’idée de cautionner son déboulonnement dans la perspective de la consécration d’un pouvoir des citoyens, d’un pouvoir dépourvu de toute essence organisationnelle, bref d’un pouvoir sans pouvoirs.

Un coup de projecteur sur votre mention spéciale.

Certes il est dit que l’exemple est la meilleure explication. Vous en auriez vous-mêmes tenu compte en relevant certaines initiatives qui tiennent toujours débout malgré les réalités socioéconomiques décourageantes. Un argument avec un exemple à l’appui, je trouve cela très convaincant surtout quand on a affaire aux lettrés. Néanmoins, je pense que toutes les initiatives dont vous parlez et qui pour vous sont des modèles à suivre ne peuvent faire long feu ou fonctionner normalement si elles échappent au contrôle du pouvoir politique qui, partout au monde, est aux mains des hommes politiques dont vous vous méfiez Monsieur !

Je voudrais aussi faire passer au crible les mêmes initiatives. Je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi mais je trouve qu’il y’en a une qui a une particularité par rapport aux autres. Si aucun pouvoir politique ne pourrait mettre les bâtons dans les roues des initiatives vraiment apolitiques comme celles de Judicaëlle Irakoze, de Leis-Bruel Haragirimana, de Landry MUGISHA à travers son projet « Akeza » et celle de Jadot Nkurunziza, je vous préviens qu’il en sera autrement pour un média indépendant qui traite des sujets qui peuvent fâcher comme le groupe de presse Iwacu. Un media est une entreprise faiseur d’opinion. Tout parti au pouvoir avide du pouvoir ne peut ménager aucun effort pour limiter ses marges de manœuvre.

Enfin, si j’admets qu’un media indépendant peut être à l’origine du salut, je ne suis pas tout de même dupe ! La classe politique dirigeante ferait quant à elle de son mieux pour ne pas le lâcher d’une semelle. C’est cette même classe politique aussi qui pourrait en arriver à le priver de ses journalistes vedettes soit en les enfermant entre quatre murs, soit en les contraignant à l’exil,… ou à le museler quand elle ne parvient plus à le contrôler.

Finalement, je trouve que les initiatives citoyennes ne sont possibles et durables que lorsqu’elles ne gênent pas le pouvoir politique !

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