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Inflation à 40,9 % : les plus pauvres vont trinquer

La Banque centrale vient de publier les chiffres de l’inflation pour le mois de mars 2025: elle atteint un niveau record de 40,9 %, contre 14,1 % un an plus tôt. Cette flambée des prix touche de plein fouet les ménages burundais, déjà affaiblis par un pouvoir d’achat en chute libre. Le FMI tire la sonnette d’alarme et appelle les autorités à agir pour contenir cette spirale.

Que comprendre des chiffres de l’inflation? L’inflation correspond à la variation de l’indice des prix à la consommation (IPC). Elle mesure l’évolution générale des prix, explique Fidèle Iranyibutse, chef du service Études et Statistiques des Prix à l’Institut national de la statistique du Burundi (INSBU).

Ce statisticien précise qu’il existe trois méthodes pour calculer l’inflation : le premier, c’est l’inflation en glissement annuel, qui compare les prix d’un mois donné à ceux du même mois l’année précédente. Le second, l’inflation en moyenne annuelle, qui compare la moyenne des prix sur une année complète avec celle de l’année précédente. Et le troisième, l’inflation en glissement mensuel, qui mesure la variation des prix entre deux mois consécutifs.

Iranyibutse rappelle que même si le taux d’inflation baisse, cela ne signifie pas que les prix diminuent. Par exemple, si l’inflation passe de 40,9 % en 2025 à 20 % en 2026, cela indique simplement un ralentissement de la hausse des prix (on parle alors de décélération), mais pas une baisse. Une réelle diminution des prix n’est observée que lorsque l’inflation devient négative.

Une flambée des loyers et des produits de base

Les données de la Banque centrale révèlent une accélération massive de l’inflation entre mars 2024 et mars 2025. L’inflation annuelle atteint 40,9 %, contre 14,1 % l’an dernier. Pour les produits alimentaires, le taux grimpe à 40,1 % (contre 12,3 % en 2024). Les prix des haricots secs ont bondi de 20,2 %, alors qu’ils affichaient -12,8 % l’an dernier. Le maïs suit la même tendance, avec une hausse de 20,8 % contre -5,2 % un an plus tôt. Mais c’est le coût des loyers qui subit l’envolée la plus spectaculaire : le taux d’inflation pour les loyers effectifs (comprenant charges, taxes et entretien) atteint 224,1 %, contre seulement 1,2 % en mars 2024.

Cette envolée des prix affecte profondément la vie quotidienne des Burundais et pèse lourdement sur l’économie nationale.

Les causes, selon la Banque centrale et le FMI

Dans son rapport de politique monétaire du 4e trimestre 2024, la Banque centrale anticipait cette flambée. Elle pointait du doigt la dépréciation du taux de change réel comme principal facteur aggravant. Une position que partage le Fonds monétaire international (FMI).

Dans un communiqué publié à l’issue d’une mission au Burundi en mars 2025, le FMI note : « La faiblesse des réserves de change entretient les pénuries de carburant, perturbe les chaînes d’approvisionnement, freine les exportations agricoles, encourage les exportations illégales, le secteur informel et l’évasion fiscale. »

Le FMI estime que les perspectives restent préoccupantes : « Le recours continu au financement monétaire du déficit public pourrait entretenir de fortes tensions inflationnistes jusqu’en 2027. »

« La maîtrise de l’inflation doit devenir une priorité »

Le FMI alerte : en l’absence d’appui budgétaire des partenaires, le gouvernement risque de prolonger la monétisation du déficit, ce qui rendrait l’inflation encore plus difficile à maîtriser. Les plus pauvres, déjà vulnérables, en subiraient les conséquences les plus sévères.

« La maîtrise de l’inflation doit être une priorité pour les autorités, compte tenu de son impact disproportionné sur les plus défavorisés et des distorsions économiques qu’elle engendre. »

Parmi ses recommandations, le FMI encourage la Banque centrale à :

– unifier les taux de change officiels et parallèles ;
– libéraliser le marché des devises ;
– Relever la production nationale pour soulager l’économie.

Le FMI préconise également d’agir sur l’offre.

Il recommande entre autres :

– d’accroître la production agricole ;

– de stimuler les exportations, en particulier dans le secteur du café, jugé vital mais confronté à des pratiques agricoles obsolètes, un accès limité au financement et aux intrants.

Un sous-investissement chronique dans la transformation

« Il est essentiel de renforcer les coopératives, améliorer les infrastructures, promouvoir la valeur ajoutée, et veiller à ce que les petits producteurs bénéficient pleinement des prix internationaux. », selon toujours la FMI.

Le secteur minier, également prometteur, pourrait contribuer davantage au développement économique, à condition d’améliorer la gouvernance et la transparence.

 

 

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