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Industrie du tabac : un mal non nécessaire

Alors que la nocivité du tabac n’est plus à démontrer, le débat sur la nécessité d’avoir des industries qui en fabriquent est l’un des plus houleux. Les pays pauvres comme le Burundi vivent dans un dilemme permanent. Explications avec le blogueur Franck Nziza.

« Le tableau des indicateurs de conjoncture de fin novembre 2015, produit par la Banque de la République du Burundi nous a fait comprendre que l’une des industries les plus performantes qui a augmenté sa production de 42,8% en glissement annuel est Burundi Tobacco Company, la BTC », reprend le cabinet civil de  la présidence de la République du Burundi dans une lettre adressée à la ministre de la Santé Publique et de la lutte contre le VIH/SIDA. Un courrier envoyé pour émettre des recommandations sur les actions à mener pour limiter les dommages causés par le tabac malgré les performances économiques de la BTC.

Qui dit croissance pour une entreprise de tabac dit un grand nombre de cigarettes, beaucoup de fumeurs, donc des cas de mort prématurée garantis. L’Etat est alors devant ce dilemme : protéger sa population des effets nocifs du tabac, ou se protéger en percevant les taxes sur un produit qui tue.

Quel a été le choix du Burundi ?

Animé d’une bonne dynamique de protection de sa population, le Burundi a emboîté le pas à une centaine d’autres pays du monde en ratifiant la Convention-Cadre de l’OMS de lutte antitabac (CCLAT) depuis 2005.

L’une de ses clauses est la mise en place d’une loi réglementant la production, la commercialisation et la consommation des produits du tabac. En 2011, un projet de loi a été préparé et amené sur la table du conseil des ministres. Ce dernier a recommandé de transformer le projet de loi en décret présidentiel. En gros, enlever les sanctions pour en faire « une loi passoire ». Ce qui n’a pas été fait. L’OMS et tous les autres acteurs tenaient à ce qu’il y ait une loi.

La grande urgence 

Plus de 10 ans après la ratification de la CCLAT par le Burundi, il est temps de se demander pourquoi le blocage d’une loi dont la nécessité n’est plus un sujet à débat. Les capitalistes diront qu’il s’agit d’une opportunité d’affaires. Mais la santé n’a pas de prix. Le tabac revêt un caractère d’autant plus spécial du fait qu’il affecte non seulement le fumeur mais également ceux qui l’entoure.

L’Etat peut savourer les dividendes des recettes perçues sur le tabac mais risque de perdre par la main gauche ce qu’il a pris par la main droite en se retrouvant contraint d’investir dans la santé de sa population.

Au fil du temps, le besoin d’une loi se fait sentir d’autant plus que les nouvelles tendances ciblant surtout les jeunes envahissent notre quotidien.

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