Le droit des filles à hériter la terre n’est toujours pas un acquis au Burundi. Cependant, en commune Musigati, certaines familles ont compris que les enfants sont tous égaux. L’administration fait savoir que cette nouvelle pratique fait diminuer les conflits entre les ayants droits.
16 h. Un attroupement des nombreux habitants au bord de la RN9, la route reliant Bubanza et Cibitoke. Au milieu, une jeune fille enceinte en larmes. C’est Jeanne, originaire de la commune Mpanda, échappée à la mort quand elle tente d’arrêter la moto transportant son amant. Ce dernier prend le large.
Sidérée, Floride Bizimana l’un des femmes qui ont assisté à ce scandale se lâche :« Qui volera au secours de cette pauvre fille et son bebe ?» Cependant, souligne cette jeune femme, cet incident ne peut pas voiler le pas franchi par les habitants de cette région en matière de droit de succession des femmes.
Les femmes héritent avec leur frère !
« Mon père nous a donné les parts égales. Chacun a reçu une succession de deux terrains et 10 palmiers. », témoigne Floride Bizimana. D’après elle, son père est convaincu que ses enfants sont tous égaux. Cependant, les garçons ont eu le droit de choisir ou construire leur maison parce qu’ils habitent dans domaine patriarcal.
D’après cette femme, son papa est guidé par un seul principe « Mon père ne m’a octroyé qu’un seul lopin de terre. D’autres, j’en ai acheté. Si je donne une grande part aux garçons, ils n’auront pas le courage d’entreprendre. »
Pour éviter tout conflit qui pourrait survenir après la mort de leur papa, la fille aînée a conseillé ses petites sœurs : « Nos frères sont malins. Vendons nos héritages, si notre papa meurt, ils ne nous accorderont l’aval de fluctuer ou de vendre nos héritages. », raconte Floride. Néanmoins, Floride n’a pas vendu son héritage. Mais sa grandeur sœur a vendu son héritage.
Certains hommes ne veulent pas hériter avec leurs sœurs
Récemment, la mère a tenté de mettre pression sur Floride « Ma fille, il faut vendre ton héritage. Si tu mourais demain, tes enfants ne bénéficieraient de rien parce que les neveux n’héritent pas avec les oncles maternels. »
Cependant, Ezéchiel Bizimana, 25 ans, repousse loin l’idée de partager l’héritage avec ses sœurs. « Nos parents n’ont pas encore pensé à partager leurs biens aux enfants. Mais nos sœurs n’hériteront pas avec nous. », martèle-t-il. Si son père décide de donner l’héritage à ses sœurs, ce jeune homme fait savoir qu’il saisira la justice.
Alexandre Misago, chef de colline Rusekabuye indique que certains parents sont conscients des conflits fonciers lorsque ses ayants droit partagent ses bien après leur mort. « 49 ménages m’ont invité lorsqu’ils partagent les biens à leurs enfants. », précise-t-il. Cette colline compte 1449 ménages avec 14186 habitants.
En outre, ajoute Alexandre Misago, les femmes ont le droit de vendre leur part s’elles le veulent.
L’administration salue l’initiative de certaines familles
Cet administratif déplore l’incompréhension entre les parents. Certains ne s’attendent pas sur le moment de partage de biens à leurs enfants. « L’un d’entre eux ne comprend pas l’importance de partager à ses enfants ses biens étant encore vivant »
M.Misago salue cette bonne pratique. Cela diminue les conflits fonciers. Les procès-verbaux permettent trancher en cas de conflits entre les frères et sœurs. Les biens accordés aux filles dépendent des avoirs des parents. Il y a ceux qui ont de vastes terres et d’autres qui en ont des petits lopins de terre.
Pour le moment, la plupart de familles accordent encore à leur fille une partie de terres appelée igiseke, mais d’autres font un partage équitable entre tous les enfants. Un exemple à suivre ?