Nsabimana Pierre, surnommé Kibuye par les élèves du Lycée Sainte Thérèse de Gitega, n’est plus. Il est mort dans un accident en train de raccompagner les élèves qui rentraient victorieuses d’un tournoi interscolaire. Hommage à un homme hors du commun, un préfet des études exemplaire qui aura su donner le goût de l’effort à ses élèves.
Dimanche 26 février. Il est presque 22h. Dans un groupe whatsapp des anciennes copines de l’école secondaire, nous menons nos discussions habituelles, il est cette fois-ci question d’un bride shower à organiser pour l’une d’entre nous.
Et soudain, un message poignant tombe : le préfet des études est mort suite à un accident ! Mon sang ne fait qu’un tour. Le groupe est comme figé. Puis, tout le monde se presse d’appeler quelqu’un qui serait sur les lieux. Celles qui sont loin du pays s’inquiètent du long silence. Une femme du groupe se trouve près de l’hôpital de Gitega, elle s’y rend pour vérifier. Et de nous envoyer d’abord plein d’emojis de pleurs. « Espérons que ce sont des larmes de joie que c’était une fausse info », « dis-nous que ce n’est pas vrai, s’il te plait », supplie l’une d’entre nous. Le groupe est à présent en colère contre ce destin fatidique de notre préfet. Je me sens tétanisée, presque horrifiée face à cette mort soudaine.
Après un long soupir, Divine nous annonce dans un message vocal : « Chères sœurs malheureusement, c’est vrai le préfet nous a quitté. Son corps vient d’être transféré à la morgue ».
Silence. Que dire…
Plus qu’un préfet, un oncle
« Le temps est un voleur, un désamour, un sablier sans cœur… La vie n’est qu’un éclair, une illusion qui s’évanouit dans l’air… », chantait Frédéric François
Ce lundi matin dans notre groupe whatsapp, la désolation, le chagrin, l’incompréhension ont remplacé nos blagues enfantines : « pas si vite », « la vie est injuste », « Imana ntiharirizwa », « pourquoi lui ? »…
Il y a une semaine je l’ai appelé pour savoir si mon diplôme d’Etat était disponible. Après une brève présentation, j’ai entendu à l’autre bout du fil des rires. « Uracavuga neza agafaransa ? Nizere ko utazobipfisha ubusa ngo uhebe journalisme » (Tu parles toujours aussi bien le français ? J’espère que ça te servira et que tu n’abandonneras pas le journalisme. Ndlr).
Pour la petite histoire, quand j’étais son élève, j’étais enfant journaliste comme on nous appelait au Lycée. J’étais parfois conviée aux réunions pour rapporter les discours du jours. J’étais surprise de me rendre compte qu’il me reconnaissait après tant d’années. Et chose étonnante toutes celles qu’il a enseignées vous diront la même chose. Monsieur Kibuye n’oubliait jamais le nom de ses élèves. Il connaissait même les détails de la vie de chacune.
« Kibuye » était le petit surnom qu’on lui avait trouvé pour sa bravoure et à sa rigueur. Il n’était jamais fatigué, et passait même les week-ends pour s’assurer que tout le monde était présent à l’étude matinale. Toujours chic, chemise repassé et enfilé, souliers noirs toujours brossés.
Quand on entendait dans la classe derrière la nôtre « enlevez vos par-dessus, enfilez vos chemises! Voyez comme vous êtes beaux maintenant ! », on devinait de suite que Monsieur Kibuye était là et on s’exécutait avant qu’il n’arrive dans notre classe.
Un jour, il nous a surpris en train de jubiler parce que nous venions d’apprendre que notre prof de maths allait partir pour faire son master à l’étranger. Une semaine de temps libre à toutes les heures de maths. Que souhaiter de meilleur pour certaines comme moi qui étions nulle en maths. Et là Monsieur Kibuye est entré et nous a annoncé : « Je remplace votre prof de maths pour toute cette année ». Oups! Moi qui croyais souffler pendant un moment. Il n’a pas mis longtemps avant de remarquer que nous étions nombreux à espérer un temps libre. Et de nous dire : « Continuez à détester les maths, et on verra ce que vous allez écrire à l’Exetat ! Que puis-je faire pour vous faire comprendre les maths ? Dites-moi, je veux vous aider »
Monsieur Kibuye était dévoué à sa tâche. Il avait envie de partager son savoir. Il savait transmettre tous les maths qu’il connaissait et croyez-moi, c’était un excellent matheux.
Il lui arrivait aussi de se fâcher lorsqu’on négligeait beaucoup les maths, et que personne ne voulait résoudre l’exercice au tableau, il lançait un morceau de craie aux plus faibles en disant : « N’umutima wa kivyeyi nagira ndakumenyeshe ko uvayo ugitoye. » (C’est par amour, tu ne quitteras le tableau qu’en ayant trouvé la solution, Ndlr) Un jour, la fameuse craie est tombée sur moi, les larmes ont rempli mes yeux de dépit car j’avais tout fait pour résoudre les fameux logarithmes mais je n’ai pas réussi. Et de voir que ça ne lui a pris que 3 minutes pour le résoudre. J’étais rempli de honte… Mais quelque part dans un coin de ma tête, ce n’était pas très grave, une journaliste n’a pas besoin de maths, je me disais.
Demain commence aujourd’hui
Monsieur Kibuye se donnait sans limite pour que l’on soit les meilleures. Il pensait qu’une séance d’explications de maths pouvait aider à mieux comprendre. Il disait : « Nous, nous n’avons eu que des licences. Vous, irez plus loin, ayez des doctorats, soyez des spécialistes, faites notre fierté. Ayez une bonne vie. Mais commencez maintenant. Faites beaucoup d’efforts ».
Tout comme il détestait voir un élève se faire enlever des points en éducation. Il préférait donner des punitions comme tondre le gazon jusqu’à avoir des ampoules dans les mains. Comme ça tu apprenais à ne plus sécher le cours. « Ba mukunda ibiharuro bane. Nimwe Burundi bw’ejo muzodusubirira nitwasaza », disait-il. Et moi dans mon for intérieur je jubilais de n’avoir pas eu un -6 pour « absence au cours de mathématiques ». Il n’était pas de ceux qui punissait pour faire souffrir, mais de ceux qui punissent pour éduquer.
Héros non chanté… moi, je te chanterai
Monsieur Kibuye meurt au service des enfants du pays célébrant leur victoire. Son esprit sportif et compétitif poussait les jeunes à se battre et à tout donner. Quelle injustice! Intore ntiziramba! Il meurt sur le champ de bataille.
J’ai l’impression d’avoir une dette envers tous ces guerriers dont on ne parle presque jamais. A toutes ces braves femmes et hommes qui sacrifient leur jeunesse au service des enfants du pays, j’ai envie de dire un grand Merci! Hommage et honneur à eux tous! Pourrais-je exprimer assez ma gratitude envers ces parents « batanga batitangiriye itama? »
Aujourd’hui, je sens comme un tourbillon d’émotions. Plus que la colère et la douleur, c’est l’envie de vivre, de devenir meilleure, être cette journaliste que Monsieur Kibuye a toujours vu en moi. A lui, et tous ces anges gardiens qui me poussent à donner le meilleur de moi-même. Je dis merci.
😭😭😭😭😭😭😭 ça fait mal l enf perd un grand homme 😭un homme de parole nicanse wabwira kibuye akakijengajenga 😭enf niyande uyumusi sans kibuye😭impusha zama match niwe wenyene yazigumamwo 😭 que son âme reposé en paix 😭😭😭😭
😭😭😭😭😭😭😭 ça fait mal l enf perd un grand homme 😭un homme de parole nicanse wabwira kibuye akakijengajenga 😭enf niyande uyumusi sans kibuye😭impusha zama match niwe wenyene yazigumamwo 😭 que son âme reposé en paix 😭😭😭😭
Tout ce que tu as écrit est vrai. Préfet « Kibuye » m’a fait decouvrir comment je suis forte dans les sciences surtout « mathematiques ». Il était plus qu’un enseignant . Il était un parent. Que son âme repose en paix .
Qu’il se repose en paix 😭
Hommage et honneur à Kibuye, je l’oublierai jamais
Imana ntiharirizwa !
Agiye kare cane
Ark asize akoze igikorwa gikomeye cane mubo yareze
Que la terre lui sois legere,!
Il y a que le silence pour exprimer les bons souvenirs d’un être cher absent dans la vie des vivants…merci pour cette vivacité pour me comprendre la physique : »mouvement sinusoïdal »
Merci beaucoup Providence.Ça été un vrai coup de choc Kubo yigishije.On a milles raisons de se souvenir du grand homme qu’il a été.Qu’il repose en paix
Que la terre de nos ancêtres lui soit légère.🙏
Imana imwakire mu bwami bwayo
Je me souviendrai toujours de son petit conseil en 9/2014 alors que je vivais un dilemne de choisir l’école paramédicale dans la quelle je venais d’être orientée ou de rester à l’ENF à faire les sciences,quoique nulle en maths…. Il m’a dit: » ma petite je sais que tu veux rester à l’ENF pour t’ameliorer en basket-ball…. Mais je crois que tu ferais une bonne infirmière même si j’aimerais d’accueillir en ScB . ce jour là j’etais pas d’accord avec lui,Oui je voulais rester rien que pour le basket qui,malgré mes entraînements n’était pas ma tasse de thé….mais je voulais surtout faire les sciences pour prouver à moi même que je peux faire les maths.
Je regrette pas d’avoir fait l’école paramédicale:il s’est avéré que c’est ma passion la plus forte même si les maths me passionnent toujours.
Paix à ton âme, cher enseignant,père,ami,conseiller,leader.à jamais dans ma mémoire.
Qu’il repose en paix éternellement! Il fut le meilleur mathématicien du grand lycée de bonnes soeurs!
ah oui tu as raison. Un grand mathémticien.
Que la terre lui sois legere,!
Si seulement pouvait-il lire ceci😭… Honneur à un guerrier tombé sur le champ de bataille 🥺… Que le ciel fortifie sa famille
Que son âme repose en paix, Il restera grave dans nos cœurs 🥺🥺🥺🥺🥺🥺
Paix â son âme😭😭😭Twese niyo nzira
Homage et honneur à Notre educateur avec un coeur d’or qui n’est ni changé par le temps ni par les évenements