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Gestion des cimetières au Burundi : et si l’incinération était la bonne alternative ?

Le cimetière de Mpanda, principal lieu d’inhumation au Burundi, s’agrandit de plus en plus, mais l’espace disponible se réduit à vue d’œil. Alors que la population augmente et que les terrains se font rares, une question cruciale se pose : comment gérer durablement nos défunts sans épuiser les ressources foncières ? Si l’inhumation traditionnelle reste la norme, la saturation des cimetières pousse à réfléchir à des solutions alternatives. L’une d’elles, bien que peu connue et souvent perçue comme étrange, voire inacceptable, est l’incinération. Une seule inconnue : la culturelle et la religieuse burundaise pourront-elles s’en accommoder ? 

Depuis plusieurs années, la demande de parcelles au cimetière de Mpanda augmente de manière exponentielle. Situé à quelques kilomètres de Bujumbura, ce cimetière accueille chaque jour de nombreuses familles venues enterrer leurs proches. Mais à mesure que le nombre de sépultures croît, les terrains disponibles se font rares. Pour répondre à cette saturation, le site a déjà été agrandi à plusieurs reprises. Pourtant, cette extension n’offre qu’un répit temporaire, et le problème reste entier : que faire lorsque l’espace manquera définitivement ? Mais avant d’en arriver là, allons-nous laisser le cimetière avaler la Réserve naturelle de la Rukoko et sa biodiversité ?

L’incinération : une alternative à explorer

L’incinération est une pratique encore méconnue au Burundi, mais qui, dans certains pays, est devenue une solution face à la saturation des cimetières. Cette pratique, bien que peu courante en Afrique subsaharienne, présente plusieurs avantages dont un gain d’espace considérable. Contrairement à l’inhumation, l’incinération ne nécessite pas de grandes parcelles de terrain. Une urne contenant les cendres peut être conservée dans un columbarium, enterrée dans une petite parcelle ou gardée au domicile des proches.

Une alternative écologique : l’inhumation traditionnelle implique l’utilisation de ciment, de cercueils souvent faits de bois précieux et nécessite une occupation permanente du sol. Dans un contexte de lutte contre la déforestation et d’optimisation de l’espace, l’incinération pourrait être perçue comme une pratique plus respectueuse de l’environnement.

Une gestion moins coûteuse à long terme : les frais liés à l’achat de terrains funéraires et à l’entretien des tombes sont souvent élevés. L’incinération, bien qu’ayant aussi un coût initial, pourrait, dans certains cas, être moins onéreuse.

Une résistance culturelle et religieuse

Cependant, proposer l’incinération comme alternative au Burundi se heurte à des réalités culturelles et religieuses profondément ancrées. L’inhumation est perçue comme un rite sacré, garantissant que le défunt « repose en paix » et reste proche de ses ancêtres. Pour beaucoup, l’idée de réduire un corps en cendres pourrait apparaître comme une atteinte à la dignité du défunt.

De plus, certaines confessions chrétiennes considèrent encore que l’inhumation est la manière la plus respectueuse d’honorer le corps, vu comme un temple de Dieu. Bien que l’Église catholique, par exemple, ait fini par accepter l’incinération, elle recommande que les cendres soient conservées dans des lieux sacrés et non dispersées.

Un dialogue nécessaire

Face à ces défis culturels et religieux, il serait utopique de penser que l’incinération pourrait s’imposer du jour au lendemain. Cependant, cela ne signifie pas que le débat doit être écarté. Une sensibilisation bien menée, s’appuyant sur des exemples d’autres pays, pourrait contribuer à mieux faire comprendre les enjeux et les avantages de cette pratique.

Pourquoi ne pas imaginer des discussions avec des leaders religieux, des chefs de communautés et des experts en gestion foncière pour étudier ensemble l’éventuelle compatibilité de l’incinération avec les valeurs burundaises ? Pourquoi ne pas envisager une introduction progressive de cette pratique, avec des règles claires pour répondre aux sensibilités locales ?

Une réflexion à long terme

La saturation des cimetières au Burundi, et particulièrement celle de Mpanda, est une réalité qui interpelle. Si l’inhumation traditionnelle reste une norme culturelle difficile à contourner, il est important de commencer à réfléchir à des solutions durables pour l’avenir. L’incinération, bien que controversée, pourrait être une piste à explorer à condition qu’elle s’intègre dans un processus de dialogue respectueux et inclusif.

La mort est un passage obligé, mais la manière de l’appréhender peut évoluer pour mieux répondre aux défis démographiques et environnementaux de notre époque. Ce débat, même s’il reste délicat, pourrait permettre d’élargir les perspectives et d’anticiper les crises foncières à venir.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. Faites-vous plaisir si l’incinération vous amuse, mais de grâce, épargnez les Burundais. A chacun son choix Monsieur !

  2. L’incinération est une meilleur solution pour l’avenir, si nous parlons des autres cultures on en a tant copier donc continuons sur le même chemin