Le monde Francophone est dans l’effervescence de la célébration de la langue de Molière. Une langue qui, malgré la diversité de ses locuteurs, n’est jugée bonne que quand parlée à la parisienne.
Objets des moqueries, des regards comme on en réserverait à une créature étrange qui débarque d’une autre planète, telles sont les réactions qu’essuient ceux qui ont le malheur (pas tant que ça) de prononcer un mot français avec un accent particulier. L’on a même trouvé un mot pas trop plaisant pour qualifier un faux pas dans la danse des mots du bon Français, un barbarisme.
Donc tu n’es pas trop loin d’un barbare en prononçant à ta façon un mot français! Mais, qu’est-ce même le français ? Question bête certes mais complexe. Le Larousse nous apprend que le Français est une langue romane parlée en France, Belgique, Suisse, au Canada (Québec, Nouveau-Brunswick, etc.), et comme seconde langue en Afrique, aux Caraïbes, etc. Et si elle est une large mosaïque linguistique, le parisien doit-il tuer le Français ?
Une évidence, même les Français ne parlent pas le même Français. Le Marseillais Zidane est à mille lieux de parler le Français des plateaux de télévisions parisiennes. Le petit paysan Normand de Maupassant a son Français qui ferait grincer les dents un adepte du parisien.
L’accent ne fait pas (forcément) la langue
Leila Slimani affirmait sur France Culture que le Français est devenue une langue Africaine. Et si le Goncourt 2016 avait raison ? Et si africaniser cette langue avec nos intonations cessait d’être vu comme un crime de lèse-langue comme le clame si bien Souleymane Bachir Diagne ?
Et si, sans violer les règles de la grammaire, un Burundais avec son accent chantant cessait d’être la risée de ceux qui pensent que qui parle pas comme Michel Onfray parle une autre langue, risible, un baragouin proche du bon vrai Français ? En fin de compte, dompter cette langue comme les personnages de Max Lobé, nom d’un clit’haricot !
Scholastique Mukasonga est une goutte prise dans un océan de contre exemples que ceux qui froncent les sourcils parce que quelqu’un dit « par contre » au lieu d’utiliser « en revanche » en faisant de [rvan] une seule syllabe ne sont pas les détenteurs du monopole du bon Français. Visionnez une interview d’elle avec cinq personnes, un commentaire risque de ne pas manquer : « Mais qu’est-ce qu’elle est nulle en Français, celle-là, écoutez moi ça, c’est du Kinyarwanda ou du Français ?». N’empêche, elle est prix Renaudot…
Y aura qu’à voir Les accents qu’ils font qd ils parlent d’autres langues ces « parisiens » (leur anglais par ex c à pleurer de rire😂😂)
Donc si le français n’est pas ta première langue, avoir un accent est tout à fait normal je trouve
Avec mon accent parisien (lequel d’ailleurs? celui du 94? du 5ème arrondissement? du 18ème ou du 16ème? ) je ne peux que me réjouir à la lecture de ce papier. C’est ça qui fait la richesse, la beauté de notre langue commune : les fulgurances haïtiennes, les rondeurs rwandaises, le pragmatisme de RDC, la causticité burundaise… Le français vit autant à Kinshasa qu’à Paris (et souvent mieux; à la lecture des commentaires laissés sur les réseaux sociaux par mes compatriotes, je regrette qu’ils n’aient pas le soin des locuteurs de Bujumbura). En attendant, cohabitent à côté de mon lit Sylvain Tesson et In koli Bofane et désormais, lorsque je dois garer un véhicule, je vais kuparkinger.