Dans les coins les plus reculés, de multiples injustices s’observent dans les ménages et les femmes en sont les premières victimes. Souvent dans l’ignorance de leurs droits, elles doivent y faire face. Une situation que les femmes de Giteranyi tentent de redresser.
La commune Giteranyi se trouve à une cinquantaine de kilomètres du centre de Muyinga. La saison sèche n’épargne pas cette contrée d’une bonne poussière. Des bananiers forment une haie d’honneur au-dessus de la route en terre battue qui mène au centre de cette commune. Le petit centre grouille de monde. Le marché bat son plein. Devant les bureaux communaux, une cinquantaine de femmes parlent entre elles. A côté d’elles, des hommes aussi prennent part à cette discussion « Ce sont les femmes encadrées par Great Lakes Inkingi Development (GLID). C’est un moment d’échange d’expérience en rapport avec les violences conjugales », confie une d’entre elles.
A Giteranyi, les femmes sont nombreuses à subir des violences conjugales. Pour juguler à ce problème, des femmes se sont mises ensemble grâce au programme « Nawe Nuze » encadré par GLID. Beaucoup de familles étaient en voie de dislocation suite aux mésententes .
Échanger pour bâtir
Parmi les hommes présents, Saidi Misago. Il partage son passé et sa situation actuelle. Je ne savais pas gérer les biens familiaux. Au contraire, je vendais même les récoltes à l’insu de la femme ». Un témoignage que Sarah Nibizi, son épouse, confirme. « Chaque fois que je lui demandais de me donner un coup de main dans les travaux champêtres, la seule réponse que je pouvais recevoir de lui était des coups. On ne cessait de se bagarrer et étions devenus la risée de l’entourage ». Quand Sarah a appris qu’il y a un collectif de femmes pour la promotion des droits de la femme, elle n’a pas hésité à y adhérer. Plus tard, son mari l’a rejointe pour suivre des formations pour le bien être des familles. Ce qui lui a permis de changer de comportement à l’égard de sa femme. « Depuis que mon mari a compris que la femme a un mot à dire dans le foyer, il ne prend plus des décisions unilatérales. Il m’accompagne dans les champs et sait gérer les récoltes comme un bon père de famille » se réjouit-elle.
Des retombées salutaires
Selon Richard Niyokindi, président de GLID, le projet Nawe Nuze a largement contribué dans la bonne cohabitation des couples dans la commune Giteranyi. « Grâce à différentes formations et assistances, la gent féminine de la commune Giteranyi a pris les choses en main. Les femmes piliers sillonnent les collines pour appeler leurs semblables à lutter contre les VBG », indique-t-il. Avec la proximité aux frontières tanzanienne et rwandaise, les hommes ont tendances à traverser à la recherche de l’emploi. A leur retour, avec l’argent gagné, la plupart ont tendance à tomber dans le concubinage. « Nous organisons des formations aussi à l’égard des hommes pour lutter contre cela. Et le résultat est satisfaisant », poursuit-il.
Même si le chemin est encore à faire, ces femmes gardent le cap. « Nous allons continuer à sensibiliser les ménages pour qu’enfin aucune femme ne soit plus maltraitée dans son foyer », conclut-il.