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Exportation des produits burundais : la situation est critique

Le Burundi connait un tarissement des devises. Ceci paralyse par conséquent son économie, avec une inflation qui devient intenable pour la population. Au moment où les devises proviennent généralement des exportations, ces dernières représentent une infime partie dans le commerce extérieur. L’augmentation de la production des cultures d’exportation, la reprise et la bonne gestion des activités minières pourront contribuer, au moment où les appuis budgétaires se font toujours attendre.

Les chiffres fournis par le ministre des Finances sur le commerce extérieur du Burundi sont préoccupants. Lors de l’émission publique animée vendredi le 06 octobre à Gitega par les membres du gouvernement, Audace Niyonzima a éclairé le public sur la problématique de la pénurie des devises que traverse le Burundi.

En 2022, la valeur des importations représentait 1,260 milliards d’USD au moment où celle des exportations représentait 208 millions d’USD. La balance commerciale affichait donc un déficit de plus d’1 milliard d’USD.  

La situation actuelle n’est pas distincte de celle de l’année dernière. Les données de l’Office Burundais des Recettes (OBR) montrent que la situation se détériore de plus en plus. Pour le premier trimestre de 2023, les exportations globales du pays s’évaluaient à 84, 672 milliards de Fbu en 2023 contre 107, 747 milliards de Fbu pour la même période en 2022, soit une diminution de 21,4 %. 

Pendant ce temps, les importations ont pris une allure ascendante. Elles ont augmenté de 7,9 % passant de 544,2 milliards de Fbu en 2022 à 587,3 milliards de Fbu en 2023. La balance commerciale s’est détériorée de 33,1 %, passant de moins 408,2 milliards de Fbu en 2022 à moins 502,6 milliards de Fbu en 2023. 

Quels produits exportés ?

Les exportations du Burundi au premier trimestre 2023 sont essentiellement dominées par le café (52,6 %), le thé (15,5 %), la farine de blé (7,5 %), les cigares et cigarettes (6,9 %), les bières (6,9 %) et les barres de fers ou aciers (2,7 %) totalisant à eux seuls 92,1 % de la valeur totale des exportations des produits locaux. Comparativement à la même période de 2022, la valeur des exportations des produits locaux a diminué de 25,2 %, passant de 99 668,3 milliards en 2022 à 74,5 milliards en 2023.

Au cours du premier trimestre 2023, les produits domestiques ont principalement été écoulés sur le marché européen (46,3 %), africain (40,0 %), asiatique (10,4 %) et américain (3,0 %). 22,8 % de la valeur des exportations étaient acheminés vers la Suisse. Elle est suivie de la RDC (21,4 %), la Belgique (9,8 %), l’Allemagne (8,9 %) ; le Pakistan (7,7 %). Sur le continent africain, c’est la RDC qui a acheté beaucoup au Burundi, suivi du Soudan, de l’Ouganda et de l’Egypte. Par rapport à la même période de 2022, la structure des exportations domestiques vers les différents continents a changé. C’est l’Asie qui était le principal marché des produits burundais.

D’où proviennent nos importations ?

De l’autre côté, les importations du pays pour le premier trimestre 2023 ont essentiellement été dominées par les produits pétroliers à hauteur de 17,4 %, suivi des engrais minéraux (14,9 %), des voitures de tourisme (3,6 %) et des médicaments (3,1%). Par rapport à la même période de 2022, la valeur des produits importés au cours de ce trimestre a connu une augmentation de 13,8 %, passant de 515,9 milliards en 2022 à 587, 3 milliards 2023.

Au cours de ce premier trimestre 2023, l’Asie constitue le principal marché d’approvisionnement du Burundi avec 54,4 % de la valeur totale des biens importés, suivi de l’Afrique (31,2 %), de l’Europe (12,5 %) de l’Amérique (1,5 %) et enfin de l’Océanie (0,1 %). Par rapport à la même période de 2022, la structure des importations est restée inchangée.

Que faire ?

Avec la balance commerciale qui est largement déficitaire, l’économie burundaise reste en berne. Le gouvernement devrait mettre en place des stratégies faisant entrer les devises au pays. Il devrait miser tous les défis sur la chaîne de valeur des cultures d’exportation. Suite à la baisse de la production, l’exportation du café a connu une courbe ascendante selon les données de la Banque Centrale. De 1999 à 2021, elle a diminué de plus de 60 %, passant de 23 685 tonnes en 1999, à 20 661 tonnes en 2010 et à 9 211,9 tonnes en 2021. Le pays devrait aussi augmenter la production agricole pour diminuer les importations alimentaires. 

La reprise et la bonne gestion des extractions minières par les sociétés pourront aussi contribuer à améliorer la situation. De 2017 à 2019, l’or était en tête des principaux produits exportés. Sa valeur des exportations représentait 123,4 milliards Fbu en 2019, selon le rapport annuel de 2019 sur le commerce extérieur des marchandises au Burundi. 

L’amélioration de la politique étrangère pourrait également inciter les partenaires internationaux à soutenir financièrement le Burundi.

 

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