La nouvelle de la nomination de l’ancien président du Burundi Domitien Ndayizeye comme Envoyé spécial de la Francophonie pour Haïti est tombée ce 7 octobre. Elle n’a pas laissé indifférent ce blogueur. Pour lui, le Burundi regorge de talents et de figures de sagesse dont les capacités ne sont pas suffisamment mises à contribution dans leur propre pays. Explications.
Petite note pour commencer : le nombre de Burundais employés par le système des Nations Unies en 2022 était de 723.
Il n’y a pas encore deux mois, un blogueur adressait une lettre au professeur Léonce Ndikumana dans laquelle il regrettait que ses conférences, quoique dignes d’éclairer des âmes bien intentionnées, ne ressemblent à une voix qui crie dans le désert. L’universitaire n’est pas seul. Les cas de Domitien Ndayizeye et du Professeur Paul Ngarambe illustrent également une triste réalité. L’expertise et les compétences locales sont négligées, voire ignorées dans les processus du développement du Burundi, alors même qu’elles sont adoubées au niveau international.
La récente nomination du président Domitien Ndayizeye démontre la confiance en ses capacités pour résoudre des crises complexes et promouvoir la stabilité dans un contexte fragile. Son expérience en tant qu’ancien président pendant une période de transition difficile lui sera certainement d’une grande utilité. De son côté, l’éminent professeur Paul Ngarambe est désormais membre du « Panel of Eminent Africans », l’organe de l’Union Africaine chargé de la sélection des futurs dirigeants du continent.
Ces distinctions à l’endroit des dignes fils du pays rappellent le phénomène de fuite des cerveaux, plus que d’actualité au Burundi. Si certains dirigeants qualifient les départs à l’étranger comme le signe d’un faible niveau de patriotisme, les raisons sont certainement à chercher ailleurs. Ce qui est évident, l’expertise et la compétence burundaises sont une ressource qui s’exporte plus qu’elle ne se consomme à l’intérieur du pays.
Nul n’est prophète chez soi
Depuis 2005, les anciens présidents du Burundi devenaient d’office sénateurs à vie. Une manière parmi tant d’autres de mettre leur expérience à contribution. Malheureusement, depuis juin 2018, cette disposition a été enlevée du règlement d’ordre intérieur du sénat. Une question se pose alors : pourquoi ces hommes (et femmes) dont l’expertise et la sagesse sont célébrées à l’extérieur, ne sont-ils pas davantage sollicités pour participer activement à la reconstruction et au développement de leur propre pays ?
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette relative exclusion : les chicaneries politiques, les enjeux de pouvoir, la primauté des intérêts des groupes sur l’intérêt national ou simplement un manque d’attachement à l’excellence.
Une réflexion encore plus large se pose : y aurait-il une volonté de la part de nos décideurs d’ignorer l’expertise “Made in Burundi” pour relever les défis du développement ? Si tel n’est pas le cas, comment expliquer le fait que notre pays continue de souffrir des lacunes en matière de gouvernance, d’économie et de société alors que des compétences et des expertises locales sont promues à l’international ? Paradoxe.
La clé dans l’inclusion intergénérationnelle
L’adage de nos ancêtres le dit si bien : « Agashitsi ka kera kavumbika umuriro » (« Le vieux balais connaît tous les coins », dirait un Irlandais). Ne pas privilégier la complémentarité entre la vigueur des jeunes générations et l’expérience des anciens ne fait qu’entraîner le pays dans la stagnation ou le ralenti sur le chemin du progrès.
Il est impératif pour le Burundi de repenser ses mécanismes de gouvernance et de s’assurer que les talents nationaux, riches de leur expérience internationale, jouent un rôle central dans le processus de transformation du pays.
Je penses bien que le noeud du problème burundaise en matière de governance a trait avec la négligence des dirrigeants à l’egard des compétences des anciens présidents.Or, plus on a été président,plus on a un honneur à sauvegarder et plus on se sent résponsable devant l’histoire et la nouvelle génération, par conséquent,on se passe de tout ce qui peut comprommettre sa personalité. C’est mon avis.