L’année 2020 est une année très importante pour le Burundi, puisqu’elle signe la fin quinquennale du gouvernement en fonction et son renouvellement. Malheureusement, les Burundais n’ont que des souvenirs sombres des élections, à cause des violences politiques et sécuritaires qui les entourent. Il est temps que ça change.
Depuis l’avènement de la première république en 1966, les premières élections par référendum ne se sont déroulées qu’un quart de siècle plus tard en 1993, et nos mémoires n’en retiennent point une belle histoire. Et pour cause, il s’en est suivi une guerre civile qui a plongé le Burundi dans un chaos dont les séquelles socio-économiques sont encore visibles à nos jours.
J’ai eu le privilège de jouir de mon droit et devoir de citoyen burundais en tant qu’électeur pour la première fois en 2010. J’en étais heureux et fier car je sentais que je contribuais dans la consolidation de la paix et de l’unité dans mon pays. Malheureusement, la tension qui régnait n’était pas des plus rassurants et il y a eu des troubles dans certaines régions du pays. Peu après, on s’est dit qu’on avait tout vu, sans savoir que 2015 serait pire. Je ne vous raconte pas l’histoire, vous l’avez vécue.
C’est là que je me pose la question : est-ce que je vais aussi vieillir en étant toujours dans l’angoisse des élections à venir ? Ne verrais-je jamais des élections apaisées au Burundi ? Difficile d’y croire, mais comme le dicton le dit si bien, l’espoir fait vivre. Hélas, maintenant que 2020 est là, l’inquiétude des élections commence à se sentir une fois encore, mais à une seule différence : les Burundais commencent à en avoir marre, mais vraiment marre de la violence.
Le changement est possible
Oui, les Burundais sont plus que fatigués de voir tous leurs efforts d’avoir une paix durable et pouvoir se développer socialement et économiquement, être à chaque fois coupés à ras le sol par un nouveau cycle de violences, les obligeant à attendre que le calme revienne pour se relancer à nouveau. Ils n’aspirent maintenant qu’à une chose : avoir des élections qui se déroulent en toute tranquillité et pouvoir continuer à vivre paisiblement. Mais que faire pour que ce rêve devienne réalité ?
En premier lieu, l’État, garant de la souveraineté et de la sécurité du pays, doit d’une part rassurer la population sur le bon déroulement de ces élections par le biais des médias et tout autre moyen permettant de transmettre ce message ; et d’autre part punir conformément à la loi les responsables de violences, de peur et d’insécurité dès le début des meetings des différents partis, pendant les élections proprement dites, ainsi que dans la période post-électorale.
En second lieu, la population et surtout la jeunesse burundaise, laquelle subit au premier plan les conséquences de ces violences, doit refuser catégoriquement toute doctrine leur conseillant la violence sous toutes formes. Par ailleurs, ces dix dernières années leur ont montré le vrai visage de ces politiciens qui, leur promettant monts et merveilles en échange de leur avenir, les ont mis sur la première ligne de front tout en étant bien assis dans leur fauteuil dans l’attente d’une interview où ils défendent leurs propres intérêts.
Comme on le dit souvent chez nous, « igiti ntikigukora mujisho kabiri, kiba kigomba kurimena » (une branche ne peut te toucher deux fois dans l’œil si elle ne veut pas t’éborgner). Ne tombons pas deux fois dans le même piège, réveillons-nous et prônons pour des élections transparentes, libres et surtout apaisées pour éviter de reculer pour 7 ans cette fois-ci ! Et nous en sommes capables.
Malheureusement cette situation va perdurer aussi longtemps qu’on aura pas une justice indépendante capable de punir et une police capable de faire respecter rigoureusement la loi.