La banque mondiale félicite le Burundi pour avoir enregistré des progrès significatifs en termes de qualité et d’accès à l’éducation. C’est ce qui transparait dans sa récente publication. Elle note que 118% ont atteint l’école au cours de l’année scolaire 2021/2022. Des félicitations qui ne sont pas au goût de notre blogueuse…
Dans la récente vue d’ensemble, la banque mondiale est satisfaite de la qualité de l’éducation offerte au Burundi. Elle montre que le taux d’accès à l’éducation a largement dépassé la moyenne. « Le Taux Brut de Scolarisation dans l’enseignement primaire a augmenté atteignant 118% au cours de l’année scolaire 2021/2022 sans variation significative entre les provinces, le sexe ou le niveau de revenu », se réjouit-elle.
Certes depuis 2005, avec l’annonce de la gratuité scolaire par feu président Pierre Nkurunziza, le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire a augmenté. Mais visiblement, ces « écoliers » divorcent vite avec l’école si nous considérons les chiffres d’abandons scolaires dans l’enseignement fondamental et post fondamental. C’est « l’éducation pour tous » qui ne dure pas.
Des têtes bien faites ou pleines ?
Huit ans après l’introduction de la gratuité scolaire, le gouvernement burundais a effectué une importante réforme dans le système éducatif burundais. Il est passé à l’école fondamentale qui comprend quatre cycles : de l’enseignement maternel au post fondamental. S’il faut évaluer le système et la qualité d’enseignement, un petit tour dans quelques universités publiques et privées suffit pour rendre compte du niveau de ces futurs cadres du pays.
Lors de l’ouverture de l’année académique 2022-2023 le 29 avril 2023, le recteur de l’Université du Lac Tanganyika Professeur Evariste Ngayimpenda n’y est pas allé par quatre chemins. « Les lauréats du post-fondamental fréquentant actuellement les universités ont un niveau relativement bas », regrettait-il. Cette régression est toujours d’actualité même au sein des jeunes qui sortent des universités.
Dans les différentes institutions étatiques, les sociétés publiques et privées ainsi que dans les médias qui accueillent des jeunes stagiaires, le constat est le même. Tout le monde se plaint. Où se trouve cette qualité d’enseignement ? Des chiffres pléthoriques dans les écoles avec des élèves qui s’asseyent à même le sol, des établissements scolaires non équipés…cela favorise-t-il le progrès en termes de qualité d’enseignement et d’accès à l’éducation ?
« Faible niveau des indicateurs de qualité »
Selon le professeur Joseph Ndayisaba, expert en pédagogie, le système éducatif actuel qui cherche à promouvoir l’entrepreneuriat a connu des nettes améliorations au niveau des indicateurs d’accès. Il salue également certaines innovations intéressantes notamment les écoles et pôles d’excellence ainsi que l’école inclusive.
Cependant, nuance-t-il, le niveau des indicateurs de qualité est faible. Il fait référence au taux de redoublement, le taux d’achèvement et les résultats aux examens nationaux qui ne sont pas du tout fameux. Par ailleurs, Professeur Ndayisaba déplore le faible budget alloué à l’éducation, soit 0,5% du budget annuel du pays. Il faut aussi noter des méthodes d’enseignement bâties sur des théories. « Il faudrait réformer l’école fondamentale », conclut Professeur Joseph Ndayisaba.