L’administration municipale veut éclairer la ville de Bujumbura. Pour cela, tous les citadins doivent mettre des lampadaires sur les clôtures de leurs maisons. Et ceux qui ne s’exécutent pas sont sévèrement punis. Cependant, beaucoup de voies publiques sous la responsabilité de la mairie ne sont pas éclairées. Et si la mairie prêchait par l’exemple ?
La mesure est tombée comme un couperet : tous les ménages doivent mettre les lampadaires sur les clôtures de leur maison. Depuis mi-septembre, certains citadins se sont vus infligés des amendes pour ne pas avoir exécuté la mesure de l’administration municipale. Pour remettre dans le droit chemin les récalcitrants, la mairie n’y est pas allée de main morte : une amende de 100 mille BIF pour celui qui ne s’est pas exécuté. Ne pas pouvoir mettre des lampadaires sur la clôture devient ainsi une faute passible d’une forte amende. Passons sous silence l’aspect légal de cette amende pour ne pas empiéter sur le terrain des juristes. Mais pourquoi autant de hargne dans l’application de cette mesure ? .
On n’a pas besoin de l’avis d’un spécialiste pour comprendre pourquoi la mairie de Bujumbura met de la pression dans cette affaire. C’est connu, la mairie doit assurer l’éclairage urbain. Les ressources de la mairie ne seraient-elles pas suffisantes pour tout financer ? Toujours est-il qu’en 2017, la mairie de Bujumbura devait plus de 2 milliards de BIF à la Regideso. C’est peut-être pour ça qu’elle a dû trouver un autre moyen pour la sortir la ville du noir.
Akananiye umugabo kananira….
Certes, faire participer la population dans des projets de développement, c’est très bien. Mais pour y arriver, l’administration se doit de fixer une échéance raisonnable avant de prendre des mesures coercitives. Cela parce que le faire rapidement conduira sans doute à l’échec de cette initiative. Si en plus l’amende est exorbitante, par rapport au revenu moyen des citadins, ça devient encore plus compliqué. Punir sévèrement ceux qui ne s’exécutent pas ne résoudra pas le problème.
« Akananiye umugabo kananira n’uyundi », dit un adage rundi. Si la municipalité ne réussit pas à éclairer les voies publiques est-ce qu’un simple citoyen doit être puni pour ne pas l’avoir fait ? Ironie du sort, la route qui passe par la mairie (avenue de l’Université) n’est elle-même pas éclairée. Autre chose, l’installation des lampadaires sur les clôtures demande des moyens financiers. L’achat des câbles, des ampoules, l’installation et l’argent pour payer un électricien, sans oublier l’électricité que l’ampoule consommera toutes les nuits et toute l’année.
De plus, si les citadins paient l’impôt pour donner à la mairie les moyens de s’acquitter de son devoir, pourquoi doivent-ils encore payer pour l’éclairage des voies publiques qui fait partie des devoirs de la mairie? A quoi servent donc les impôts fonciers et locatifs ?
Concernant l’éclairage sur les voies publiques, le moins que l’on puisse dire est que la mairie ne prêche pas par l’exemple puisque, comme on l’a dit, même la route qui passe devant ses bureaux n’est pas éclairée. Elle oblige les citadins à éclairer les rues des quartiers. Mais la grande partie de la voirie urbaine n’est pas éclairée, là on ne parle même pas des bâtiments ou des places publiques qui sont plongées dans le noir dès la tombée de la nuit.
Est-ce à cause des soucis financiers ? Décidément pas puisque l’année dernière, la mairie avait prévu de dépenser autour de 15 milliards BIF. Mais elle a dégagé un excédent de plus de 1 milliards BIF.