La remise de dot, l’une des fêtes traditionnelles de la société burundaise, se décolore du jour au jour. Une blogueuse a assisté par force à cette fête, et nous fait part de l’amertume de la sauce qu’elle a goûtée.
C’est un samedi paresseux. J’ai ralenti le train-train de la vie pour goûter aux petits bonheurs que la vie a à offrir. Vers l’après-midi, le soleil décide de se calmer. Du moins, ce sont les nuages qui nous sauvent. Je ne veux qu’aller m’allonger sur mon lit, lire un livre, et finir ce samedi dans le calme et la beauté des histoires qui emportent. Sauf que la salle de réception d’à côté l’a décidé autrement…
Mais franchement, les gens n’ont plus droit à la tranquillité ? Dans différents quartiers de Bujumbura, si ce n’est pas une église, c’est une fête, une célébration ou une cérémonie. Nous ne savons plus où se réfugier ! Trop de gens ont crié. Je préfère ne pas gaspiller mon énergie. Je vais plutôt la gaspiller à étaler ma frustration, autour de la cérémonie de la remise de dot, que le tapage des baffles d’à-côté remue en moi.
Retard et décoloration
Au commencement, se trouve l’éternel retard. Difficile d’enregistrer un retard de moins d’une heure, à moins d’être très chanceux. Ensuite, le théâtre commence. Le père de la fille invite au dialogue. Il faut qu’il essaie tant bien que mal de garder sa fille, dont la somme de la dot a été versée avant, et utilisée dans la préparation de cette cérémonie.
Le père du futur mari sort tous ses arguments pour recevoir la main de cette jeune vache très gracieuse. Je me languis de la beauté d’ « ijambo ». Elle se décolore de plus en plus. Les lignes ne sont plus poétiques, encore moins sincères. Les figures de style disparaissent de plus en plus. C’est sont les mêmes vers, copiés dans la fête de la veille. Je me réserve de mentionner, du moins en profondeur, la pratique ridicule d’amener un homme, des fois un étranger, à l’un des tourtereaux, pour jouer le rôle du père. La veuve doit rester muette, la tradition oblige.
Le montant de la dot quant à lui est une pure absurdité. D’abord, ce n’est pas un achat. Non. C’est plutôt une récompense à la famille de la fille pour l’avoir bien éduquée. Les parents du futur époux eux, ne font pas ce travail apparemment. Quand il sort « naragukoye » lors d’un malentendu (suivi de coups douloureux de tout genre), tout le monde comprendra peut-être sa bassesse. Son enfance n’était qu’un service minimum. Ensuite, le prix de la future mariée est fixé selon son niveau d’études. Tout obstacle qui s’est opposé à l’obtention de ses diplômes est ignoré avec succès. On considère aussi la grandeur de la famille de l’inka-muntu. Daignez le comprendre, il est plus coûteux d’élever une personne avec du Nutella.
Enfin, l’ironie
Il me semble qu’il y a une fatigue commune, partagée, générale. Un désintéressement palpable. Les invités, même les grands, n’écoutent plus que d’une oreille les discours. Ils n’acclament plus les danseurs. Ils ne s’émerveillent plus du spectacle culturel gratuit, et surtout, ils se lamentent que la cérémonie tarde à finir. Trop longue et ennuyeuse, c’est toujours les mêmes discours autour d’une seule boisson brarudi. Au moins « ruguru » (à l’intérieur du pays), ils mangent.
Heureusement que les chants traditionnels vous emportent. C’est vrai, mais là encore, ignorez les paroles si vous êtes une femme, car ce n’est pas toujours élogieux: «Mana yarandiye, yangize umukobwa, iyo ingira umuhungu, noteye agatoke… ».
Intéressant
Haha. C est juste un jeu qu’on joue et on pretend du debut a la fin. ca amuse peu de gens mais on continue de le faire parce que c est « notre tradition ». Et si les familles se reunissaient ensemble et faire connaissance, danser, echanger des cadeaux( si l’on veut), dancer ou s’ amuser comme l’on veut et reantrer a la maison. Bon, c’est mon point de vue
Merci Lily. Ce que vous avez vu, c’est la « Folklorisation d’une culture ». La culture étant en kirundi « UMUCUCO », la lumière. Si cette dernière est folklorisée, nous marchons sans savoir où on va, ni d’où l’on vient.
Sans racines, bonjour cette vie de chanteur à tout vent.
Merci Lily pour ce texte.
Pour ma part je ne me force plus, je n’y vais plus! Si ce n’est pas un membre de ma famille proche.
La majorité sont au téléphone…C’est aussi d’un ennui insupportable.
J’espère qu’une autre forme d’expression de notre culture va être trouvée. Qu’est-elle donc devenue notre culture?
le sens original de la dot selon la culture c’est pas un signe de remerciement mais plutot klk chose un signe qui unie les familles. Le materialisme aujourd’hui comme si les filles sont des marchandises c’est pas la tradition. C’est vraiment ennuyant ces fetes et surtout sans aucun sens
Le constat des usages coutumiers révèle que le paiement de la dot est rarement effectué par le fiancé seul. Sa présence est souvent nécessaire lors du versement de la dot qui quant à elle fait intervenir des témoins matrimoniaux ou des intermédiaires, qui sont là pour préserver une preuve de la cérémonie. Mais dans certaines familles, pour que l’assistance de la famille soit plus effective, les témoins doivent obligatoirement être des parents. La délivrance doit être faite soit par le père du fiancé, soit par l’oncle.