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Dette publique : les experts économistes alertent

La dette publique suit une courbe ascendante et atteint un pic. Elle était à 6 mille milliards de Fbu, fin juin 2023. Cette dette est dominée par la dette intérieure (plus de 70 %). Ce qui met à mal le secteur privé, l’économie du pays et la vie de la population, alertent les experts économistes.

La dette publique totale continue de s’alourdir. Elle s’est accrue de 26,1 % à fin juin 2023, atteignant 6 027,6 milliards de Fbu contre 4 779,3 milliards de Fbu à fin juin 2022, selon le rapport du comité de politique monétaire, deuxième trimestre 2023. Les données de la Banque Centrale montrent que la dette publique totale représente 59,8 % du PIB et reste au de-là de la norme de 50 % du PIB, convenue dans les critères de convergence macroéconomiques de la Communauté Est Africaine.

La dette intérieure prédomine

La dette intérieure représente la grande partie (70 %) de la dette totale. Elle est passée de 3 461,7 milliards fin juin 2022 à 4 222,5 milliards de fin juin 2023, soit un accroissement de 22 %. Elle est essentiellement composée des titres du Trésor (52,3 %) et des avances de la Banque Centrale (44,2 %). 

Selon les économistes, l’accroissement de la dette intérieure est un mauvais signe pour l’économie du pays et la vie de la population. Il limite le financement des projets de développement pouvant amorcer le choc de la pauvreté qui menace la population. L’avenir des entreprises devient incertain quand les banques commerciales mobilisent les ressources pour financer, a alerté Roger Ntwenguye, directeur général adjoint de la BGF. Ce banquier a révélé que les banques commerciales financent la dette intérieure à plus de 50 %, alors que leur principale mission est de financer le secteur privé, moteur du développement.

Une charge pour le gouvernement 

« C’est normal de s’endetter. Tous les Etats du monde s’endettent », a déclaré en août 2021 Pr Léonce Ndikumana, enseignant et chercheur à l’Université de Massachussetts aux USA, lors de la conférence-débat organisée par la Banque Centrale sur la problématique du développement au Burundi

Toutefois, il a précisé que la dette publique n’est pas gratuite. « C’est une charge pour le gouvernement », expliquait-il. Et de proposer une approche systémique de la dette publique. Selon lui, pour diminuer la dette publique, il faut collecter plus de recettes internes. Il salue de passage l’augmentation des recettes après la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR). 

Mais il ne s’agit pas seulement de collecter les recettes internes, il faut aussi miser sur leur gestion, qui est indispensable. Pr Ndikumana a insisté sur les dépenses de l’Etat. « Il faut dépenser de façon plus efficiente, se rassurer que les recettes collectées sont bien utilisées ». 

Encore plus, a conseillé l’expert, le gouvernement devrait privilégier l’investissement au lieu des dépenses courantes. « Si vous n’avez pas d’argent, vous ne dépensez pas. Il ne faut pas privilégier le fauteuil d’un directeur général au lieu de l’investissement ». Cet expert a proposé de financer les secteurs porteurs de croissance. 

Malgré ces recommandations, les dépenses courantes continuent d’augmenter. Elles sont passées de 1204 milliards de Fbu pour l’exercice budgétaire 2022-2023 à 1968 milliards pour celui de 2023-2024, soit une augmentation de 63 %.

L’économiste a proposé aussi d’améliorer l’environnement pour les financements extérieurs. 

 

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