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Désordre dans les pharmacies : trop, c’est trop !

Les pharmacies contribuent à la préservation de la santé de la population. Malheureusement, aujourd’hui, pas mal de Burundais regrettent que ce secteur soit de plus en plus désordonné. Pour remédier à cela, des réformes sont nécessaires.

 Le secteur pharmaceutique est gangrené de désordre. Cela a été affirmé par Dr Sylvie Nzeyimana ex-ministre de la Santé Publique et la Lutte contre le Sida devant l’Assemblée nationale le 19 septembre 2023. Et le vice-président de l’Assemblée Abel Gashatsi de renchérir : « Les pharmacies sont implantées partout au Burundi même dans les coins les plus reculés, là où il n’y a même pas de l’électricité pour faire fonctionner un frigo. » Ce parlementaire se demande si les médicaments disponibles dans toutes ces pharmacies sont sûrs et contrôlés régulièrement pour que la population ne consomme pas des produits pharmaceutiques périmés.

En plus de cela, certaines pharmacies qui collaborent avec la mutuelle de la fonction publique ne donnent pas aux patients les médicaments tels que prescrits par les médecins. Dr Nzeyimana explique que ce problème est lié par le fait que le médecin prescrit le médicament par son nom commercial au lieu de la dénomination commune internationale. Pour illustrer cela, Paracétamol, qui est une dénomination commune internationale, est la même chose que Parol, Efferalgan, etc.

Une interprétation pareille peut coûter cher aux patients à cause des spéculations. Comment ? Il y a des médecins qui sont en contact régulier avec certains pharmaciens et prescrivent les médicaments en fonction de ce que « ces pharmacies disposent ». M. Gashatsi donne l’exemple : « Si une pharmacie qui a l’autorisation d’importer Parol, dans la plupart des cas, elle sera en contact avec certains médecins. Ces derniers, au lieu de prescrire Paracétamol aux malades qui coûte par ailleurs moins de 1000 Fbu, ils prescrivent Parol qui vaut environ 15 000 Fbu. Cela pour booster la clientèle de cette pharmacie qui a le monopole de Parol. Pourtant, le médecin a le plein droit d’écrire sur l’ordonnance médicale n’importe quel médicament. »

Un autre cas similaire est celui évoqué par la députée Antoinette Ndikumagenge où un malade peut manquer un médicament dans un hôpital public et paradoxalement le trouver dans une pharmacie appartenant à un employé de ce même hôpital.

Quand la mutuelle de la fonction publique déçoit presque tout le monde

Généralement, la mutuelle de la fonction publique prend en charge les médicaments génériques. Or, les médecins n’hésitent pas à prescrire aux patients les « spécialités ». Malheureusement, ces dernières sont relativement chères pour le citoyen lambda. Pas mal d’affiliés de cette institution se demandent pourquoi ils ne peuvent pas avoir accès aux meilleurs médicaments.

En plus de cela, parfois, le médecin peut prescrire un médicament qu’un patient ne peut trouver nulle part dans les pharmacies qui collaborent avec la mutuelle de la fonction publique. Enfin, il sera contraint de l’acheter ailleurs à 100 %, témoigne M. Nduwayo, enseignant vivant dans la province Gitega.

Dr Nzeyimna précise qu’il y a une liste de médicaments remboursables élaborée par les experts du ministère en charge de la santé publique en collaboration avec ceux de la mutuelle de la fonction publique. Si jamais un médicament prescrit n’est pas sur cette liste, une pharmacie qui collabore avec la mutuelle de la fonction publique ne le donne pas au patient affilié à moins qu’il paie à 100 %. Mais Dr Nzeyimana a reconnu que, dans la plupart des cas, certains employés de la mutuelle de la fonction publique ou les pharmacies collaboratrices, refusent de donner au patient affilié un médicament dont il a besoin, même si le produit pharmaceutique en question est disponible. Pourquoi ? Parce que ces pharmaciens préfèrent vendre certains médicaments aux clients qui paient entièrement en cash.

À noter que la mutuelle de la fonction publique appartient au ministère en charge de la solidarité, mais cette dernière travaille main dans la main avec le ministère en charge de la santé publique.

Les réformes sont plus que nécessaires

Comme le secteur des pharmacies est désordonné, le ministère en charge de la santé publique a suspendu l’autorisation de l’ouverture de nouvelles pharmacies. Cela s’inscrit dans le cadre de mieux organiser ce secteur et de contrôler comme il faut les pharmacies déjà opérationnelles. Celles qui ne répondent pas aux exigences de ce ministère doivent fermer leurs portes. Cette institution prévoit aussi de définir de nouvelles normes, compte tenu des besoins du pays en collaboration avec l’Ordre national des pharmaciens du Burundi en vue de corriger les erreurs commises dans le passé.

Si le secteur pharmaceutique n’est pas bien organisé, la population subira impérativement les conséquences. Les médicaments dispensés, au lieu de guérir les malades, les tueront. Les réformes sont plus que nécessaires. Vaut mieux tard que jamais.

 

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