Tresses, cheveux relaxés, les petites filles qui arborent ces coiffures se comptent par milliers à Bujumbura. Si les parents n’y voient qu’un moyen de mettre en valeur leurs bambins, pour la journaliste-blogueuse Martine Nzeyimana, le chemin menant à cette perfection laisse à désirer.
« Gushaza ni gushinyiriza » dit-on. Si nous autres femmes acceptons de nous tordre de douleur pour telle coiffure, qu’en est-il de la petite fille d’à peine trois ans, qui pleure à chaudes larmes parce que sa maman a décidé de lui faire tresser les cheveux ?
C’est un samedi des plus normaux. Comme d’autres personnes, je profite de mon day off pour faire des trucs personnels. Entre autres me faire des tresses. Je suis en plein centre-ville dans l’un des salons plutôt réputés pour la rapidité, où en un clic chaque cliente a droit à une coiffeuse pour exaucer ses désirs.
Une heure que deux jeunes femmes s’activent à tirer mes cheveux, allant presque à arracher la fibre capillaire, puis j’entends des pleurs à côté. Dans ma tête je me dis que c’est sûrement une de ces femmes venue gagner sa vie un enfant dans le dos.
Quelques minutes après, je réalise enfin ce qui se passe. Assise sur sa maman, une petite fille toute mignonne d’à peine trois ans fond en larmes tout en se débattant de toute force pour échapper à la poigne brutale de la coiffeuse. On sent sa douleur. La maman use de toutes les astuces (jus, jeux dans les téléphones) pour la distraire. Contre-productif, rien ne la fait taire. Entre deux sanglots, la coiffeuse a le temps de faire une tresse. Lassée, la petite finira par s’endormir. Une occasion pour la coiffeuse de finir son œuvre.
Chers parents, reprenez-vous !
« Je ne pourrais pas laisser un de mes enfants souffrir le martyre à cause des tresses. Les parents, nous exagérons », se révolte Delphine mère de trois petites filles.
Delphine affirme avoir attendu que ses filles commencent le primaire avant de leur faire des tresses. «Je les consulte avant et en plus il y a des tresses adaptées pour les enfants.» Elle n’hésite même pas à couper leurs cheveux quand ces derniers deviennent durs à coiffer.
Dans un autre salon de coiffure, une coiffeuse avait obligé un parent à rebrousser chemin : «Je ne peux pas la tresser», pointant du doigt une enfant dont les cheveux ne pouvaient pas tenir dans sur deux doigts. « Ni bimwe bituma abana batwanka (l’enfant te déteste après ça, Ndlr) », s’expliquait-elle, parce que la coiffer aurait entraîné une douleur insupportable.
Si moi adulte, je ferme à peine l’œil après le tressage, qu’en est-il d’un enfant ? Il serait peut-être temps que les parents se reprennent.
A relire :
- Droits des enfants : les animaux font-ils mieux que nous ?
- « J’ai abandonné mon enfant et depuis, ma vie est un enfer »
Je suis navrée de constater qu’il existe des mères d’un tel niveau de stupidité c’est triste et cela me met en colère au point de penser qu’elle ne mérite pas les enfants qu’elles ont!