La conférence sur le climat COP 28 est à l’image de la politique mondiale de la protection de l’environnement. Les pays africains, le Burundi compris, ont besoin d’être soutenus pour faire face aux aléas climatiques dont ils sont les principales victimes.
S’il y a une information qui fait la une des journaux aujourd’hui, c’est la Conférence de l’ONU sur le climat (COP 28) qui se déroule à Dubaï aux Emirats arabes unis du 30 novembre au 12 décembre 2023. Trois grands enjeux intéressent le monde :
Primo, l’évaluation des avancées enregistrées depuis l’accord de Paris adopté en 2015. A cette époque, les Etats se sont engagés à réduire les émissions de carbone, la mobilisation des fonds, l’adaptation au changement climatique, etc.
Secundo, un autre principal enjeu consiste à mettre fin à l’utilisation de l’énergie fossile. Mais cette problématique crée la polémique, étant donné que le pays hôte de COP 28 est le grand producteur du pétrole et ne semble pas prêt à lâche son gagne-pain. Or, le secteur pétro-gazier est le grand responsable des changements climatiques.
Tertio, la question du financement climatique. Lors de la COP 27 qui s’est tenue à Charm El-Cheikh en Egypte, les Etats ont conclu la création d’un Fonds pour les pertes et dommages pour soutenir surtout les pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques.
Que demande l’Afrique ?
L’Afrique contribue jusqu’à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les Etats africains ont anticipé en formulant une demande commune lors du sommet de Nairobi (Africa Summit Climate) du 6 septembre 2023. L’Afrique souhaite un investissement de 600 milliards de dollars pour augmenter la capacité de production d’énergie renouvelable de 56 à 300 gigawatts d’ici 2030. Cela parce que le continent dispose des matières premières nécessaires pour la fabrication des batteries et des piles à hydrogènes. Pour y arriver, il faut donc des taxes carbone, c’est-à-dire une taxation sur le commerce des combustibles et sur le transport maritime et aérien.
Par ailleurs, les pays africains veulent une croissance économique plus ou moins indépendante des énergies fossiles. Pour ce, il vaut mieux transformer sur place les matières premières africaines (notamment les minerais) au lieu de les exporter. A cela, s’ajoute la monétisation des écosystèmes de l’Afrique (les forêts, les zones humides…) qui absorbent le dioxyde de carbone (CO2).
Les pays africains rappellent aux pays développés et grands pollueurs d’honorer leur engagement en débloquant 100 milliards de dollars par an sur une période allant de 2009 à 2020. Par ailleurs, dans son discours à la COP 28, le président sud-africain Cyril Ramaphosa appelle à la mobilisation des fonds pour les pays impactés par les changements climatiques.
Le Fonds pertes et dommages a été adopté. Ce fonds était tant attendu surtout par les pays en voie de développement qui sont les principales victimes des effets du changement climatique : les inondations, la sécheresse, la montée des eaux, etc.
Il reste à savoir le portefeuille de ce fonds. Mais une promesse de plus de 400 millions de dollars a été notée, de la part de l’Union européenne, les Emirats, les USA, le Japon, le Royaume-Uni, etc. Les modalités d’accès à ce financement ne sont pas encore définies.
La voix du Burundi à la COP 28
« Le Burundi a pris en compte les mesures sanitaires dans le plan d’atténuation du changement climatique et a battu le record dans le récent rapport de l’Alliance mondiale contre le changement climatique en s’alignant en tête de liste des pays ayant le plus pris en compte la santé de la population dans leur plan d’atténuation », a déclaré le président du Burundi Evariste Ndayishimiye à la tribune de la COP 28 à Dubaï. Il ajoute que plusieurs initiatives de protection et de restauration des paysages ont été prises, notamment un vaste programme national de reboisement dénommé « Ewe Burundi Urambaye », la promotion de l’agroforesterie, le traçage des courbes de niveau, etc., tout en impliquant toutes les couches de la population. Le chef d’Etat burundais salue par la suite la mise en place du Fonds pertes et dommages dans le souci de soutenir les efforts des pays les moins polluants, dont le Burundi fait partie pour renforcer leur résilience au changement climatique et mieux contribuer à la régulation du climat mondial.
Delphin Kaze, directeur général de Kaze Green Economy, est un entrepreneur écologique burundais présent à la COP 28. Il estime que cette conférence est bénéfique pour le Burundi. « En tant que Burundais présents à Dubaï, nous déclarons au monde ce que nous sommes en train de faire au pays ou ce dont nous avons besoin dans le cadre de la protection de l’environnement. Ce qui permet aux autres pays de connaître la situation du Burundi. », indique M. Kaze
Pour lui, la COP 28 est une occasion en or pour rappeler différents accords, des fonds alloués et les contributions des pays développés pour les mettre en application. Ainsi, compte tenu des priorités et des critères d’éligibilité, les Burundais ambitieux peuvent élaborer des projets, afin de bénéficier à ces fonds tout en créant des opportunités d’emploi. Bref, la COP 28 est à l’image de la politique mondiale de la protection de l’environnement, dont les Burundais peuvent tirer profit.