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Le Compimex Parking, une solution pas très prisée

Toute ville qui aspire à la modernité doit bien se doter des infrastructures dignes de ce nom. Mais il faut compter avec cette mentalité ancrée chez les Burundais qui veut que « Umuhini mushasha utera amabavu », pour rappeler cette tendance à rester réticent par rapport aux nouveautés. Est-ce pour cette raison que Compimex, ce parking récemment inauguré au centre-ville n’est pas très fréquenté ? Cette blogueuse a visité les lieux. Reportage. 

Au centre-ville de Bujumbura, en face de la boulangerie Trianon communément appelée « Kwa Simbare », se dresse un immeuble, bordé par des barres de fer colorées. Le Compimex Parking propose un espace de parking spacieux et sécurisé, mais à l’égard duquel les clients semblent hésiter. 

Je passe tous les jours près de cet immeuble à l’architecture qui ne laisse pas indifférent. D’entrée de jeu, je trouve l’idée des barres colorées sublime. C’est tellement original, comme doit l’être l’architecte qui a conçu les plans du bâtiment.

A force de passer et de repasser devant ce géant multicolore, je me suis demandé à quoi pouvaient bien ressembler ses entrailles. Ce que j’y ai vu ne m’a pas déçu.

Le rez-de-chaussée de cette bâtisse de quatre étages s’ouvre sur une large pièce, dans le coin de laquelle se trouve une belle petite table-bureau qui fait office de réception et caisse. A gauche, toilettes pour hommes, à droite celles pour femmes bien tenues. Vous pouvez me croire, je les ai visitées. Pour s’en servir, il faut 500 BIF (eh oui, toute source de revenus est bonne à prendre dans cet immeuble). En outre, chaque niveau est équipé de 16 caméras de surveillance, une alarme incendie qui lâche une pluie d’eau via un tuyau de couleur rouge.

A 500 BIF l’heure, abordable ou pas ? 

Tout a l’air parfait, n’est-ce pas ? Pourtant, sur les plus de 355 véhicules que peut accueillir le Compimex Parking, seuls 150 sont enregistrés par jour. « Nos tarifs sont 500 BIF l’heure, 5.000 BIF la journée (de 7h à 21h) et 3.000 BIF la nuit. Un abonnement coûte 90.000 BIF jour ou nuit. », déclare un caissier absolument accueillant que j’ai interrogé après lui avoir garanti l’anonymat. Il faut quand même noter que l’exploitant du parking situé au Palais des Arts fait payer 1 500 BIF le véhicule, avec possibilité d’y stationner toute la journée. 

D’après le caissier, les prix sont plutôt abordables, alors pourquoi Compimex Parking n’affiche pas complet, puisqu’il est venu comme une solution au manque d’espace parking sécurisé ? La réponse relativement simple.

« Il faudrait que l’administration coopère… »

Monsieur le caissier explique : « L’immeuble a ouvert ses portes très récemment, avec une période d’essai allant du mois de janvier jusqu’au 1er juillet 2024 pendant laquelle le stationnement était gratuit, histoire de se constituer une clientèle. Mais les gens ne connaissent pas bien encore l’endroit ou ne voient pas encore l’intérêt d’y stationner leurs véhicules. C’est pour cela que l’intervention de l’administration est plus que nécessaire, afin d’interdire par exemple le stationnement sur les bords de route, ce qui inciterait les automobilistes à recourir à notre espace parking. »

Après avoir remercié mon caissier pour son aimable coopération, je sors de cet immeuble, curieuse de savoir pourquoi il n’est pas aussi prisé.

C’est alors que je vois un automobiliste à l’arrêt, le moteur en marche. Je décide de l’aborder, et à ma grande surprise, il chante les louanges de l’immeuble. « Il était temps qu’un pareil édifice soit érigé, on en avait besoin. Laisser une voiture dehors est risqué. La voiture est menacée parce que personne ne garde un œil sur elle. Cet immeuble constitue une bonne initiative. Iterambere ni rigwire ! (Vive le développement !) ». Et quand je lui demande pourquoi il n’est pas garé à l’intérieur, il me répond en toute logique : « Tant que je ne quitte pas la voiture, je n’ai pas besoin d’entrer dans l’immeuble. »

En conclusion, que retenir ? Compimex Parking est une bonne option, bien placé, abordable et fiable. Il suffit que les automobilistes le comprennent. Pour cela, l’administration devrait peut-être prêter main-forte. 

 

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Les commentaires récents (1)

  1. A mon avis, l’administration n’a pas besoin “de prêter mains fortes” pour qu’un privé rentabilise son affaire. C’est au promoteur de faire une publicité efficace. Les utilisateurs potentiels ne sentent pas le besoin d’utiliser cet espace. Interdire le parking sur l’avenue du commerce serait bien pour renforcer la sécurité des usagers à cet endroit précis, et non pour les envoyer dans un parking privé, bien qu’il en profitera au final ! L’article est bien pertinent !