Au Burundi, la drague est devenue un jeu d’enfant, le smartphone une «arme de guerre». WhatsApp comme une de ses fonctionnalités, construit et déconstruit des couples, entretient le mensonge et le vrai amour en même temps. Le danger va dans tous les sens, et la messagerie instantanée ne cesse de faire des chanceux, comme des victimes.
Patrick est un jeune cadre d’une ONG à Bujumbura. Après des études passées avec brio en Ouganda, il est revenu au Burundi. Avoir un travail n’a pas été du tout difficile pour lui. Âgé de 28 ans, il vit seul dans un petit appartement de Kigobe, au nord de la capitale. Le jeune homme n’a pas envie de se marier tôt, même s’il assume avoir une fiancée. Patrick estime qu’il faut d’abord «vivre». Et pour «chasser de la meuf», il te faut un téléphone digne de ce nom.
WhatsApp codé et sa corbeille qui ne se remplit pas
L’abonnement mensuel qui est très abordable pour avoir des «mégas» fait que notre star soit éternellement en ligne. Il peut draguer instantanément autant de filles car Whatsapp est par essence instantané. Le code, dont le mot de passe relève des services secrets américains, procure à notre «Shaggy» un sentiment d’ inviolabilité devant une fille attirée dans sa cage.
Sinon, la facilité d’effacer systématiquement les messages de Whatsapp sous prétexte que le téléphone est bourré, le dédouane des soupçons de sa chère fiancée. Patrick peut se déconnecter ou mettre son doudou en mode avion, pour elle, ce sera : «Je suis provisoirement absent et dignement empêché». Personne ne peut l’inquiéter en présence de sa chère souvent trompée. Le principe est simple : «Je ne touche pas ton téléphone, n’attente pas au mien!». Comme si c’était deux gangs qui s’interdisent de s’ingérer dans les affaires de l’autre.
En mariage, trompe qui peut
Parlons filles maintenant. Queen est étudiante. Son fiancé tente sa chance en Europe, depuis quelques temps. De son côté, elle sait qu’elle doit «vivre». Les besoins (d’évasion, d’étreintes) pour l’étudiante sont présentement énormes pour que son fiancé les comble de si loin. Mais la promesse de mariage avec lui prime avant tout. Lors de ses sorties dans les night clubs, elle n’est souvent pas en ligne. Elle s’arrange toujours pour appeler son fiancé et lui dire que le téléphone va s’éteindre et qu’il y a eu coupure d’électricité dans leur quartier, surtout que les Smartphones se déchargent vite. Elle peut même lui envoyer des clichés pris le soir précédent, pour prouver qu’elle est dans sa chambre.
L’affaire réglée avec l’Occident, elle peut siroter tranquillement sa bière et fumer la chicha en compagnie de son amant. Une danse pour clore la soirée l’amènera jusqu’à l’aube et… Notre Venus reviendra sur l’orbite le lendemain pour retrouver son fiancé coincé entre l’hiver et la solitude en attente de conversation.
«Game of phones»
Pour les couples mariés, il n’y a qu’une solution si madame ou monsieur accède au téléphone de l’autre. Effacer systématiquement les conversations gênantes avant d’arriver au portail car, l’oubli peut être à l’origine des désagréments inutiles. Mais ces conversations reprendront quand même.
Loin de vous présenter Whatsapp comme uniquement vecteur de mensonges, d’aucuns n’ignore qu’avec lui, les vrais amoureux voient leur amour renforcé par ce contact virtuel permanent en échangeant des texto et des images à longueur de la journée.
Partout, notre réseau WhatsApp restera toujours le même, qu’il nous serve à mentir ou à accoucher la vérité. Le mal ou le bien viendra toujours de son utilisateur.
Très bien merci