Dans la perspective des élections prévues l’année prochaine, une nouvelle coalition politique vient de voir le jour. L’aboutissement de plusieurs semaines de tractations pour constituer une force capable de se poser en challenger sérieux face au CNDD-FDD.
Ça y est, l’heure est venue. L’odeur des élections 2025 se fait déjà sentir. Dans un décret signé par le président de la République le 7 décembre 2024, la population est appelée à se rendre aux urnes dès juin 2025. Ce décret rappelle certaines bases légales et permet de découvrir les conditions requises pour se présenter aux élections en qualité de candidat.
Cependant, un article concernant la candidature des indépendants a particulièrement retenu l’attention. En effet, l’article 2, alinéa 3 stipule qu’un « membre d’un organe dirigeant d’un parti politique ne peut se porter candidat à ces élections en tant qu’indépendant qu’après l’expiration d’un délai de deux ans depuis son éviction ou sa démission de son parti politique d’origine ». Pour plusieurs observateurs, cet article est une tentative d’écarter Agathon Rwasa, débarqué de la tête du CNL et qui était jusque-là présenté comme le principal challenger du parti de l’aigle. Nombreux sont ceux qui soupçonnent qu’une large coalition contre le CNDD-FDD a peu de chances de réussir en raison des conditions imposées par le décret présidentiel. En attendant, une coalition vient ainsi de voir le jour, mais sans le camp Rwasa, qui reste pour le moment privé de formation politique.
Une coalition aux mille défis
Mais pourquoi parler de Rwasa, alors que la coalition en question est composée du Frodebu, du Codebu, du CNDD et du FEDS Sangira ? La raison est simple. Tout observateur avisé des dynamiques politiques actuelles a dû noter les appels récurrents du président Frodebu pour la formation d’une coalition capable de rivaliser avec le parti de l’aigle. Pour concrétiser cette idée, lui et d’autres responsables politiques se sont rendus en Tanzanie pour mûrir ce projet aux côtés de Rwasa, qui ne possède actuellement aucun parti politique. Dès lors, d’aucuns se demandent si ce pari tiendra, alors que le conflit interne au CNL n’est pas encore résolu et que l’affaire est toujours pendante devant la justice, ce qui complique la participation effective de Rwasa à la coalition récemment instituée sous le nom de « Burundi Bwa Bose ».
De toute évidence, le chemin vers 2025 semble semé d’embûches pour le camp Rwasa et pour ce nouveau-né de la classe politique, qui devra se passer, du moins officiellement pour l’instant, de ce poids lourd de l’opposition. Par ailleurs, bien que l’agrément de cette coalition soit encore en attente, rien n’est acquis, ni du côté des régulateurs ni du côté de l’opinion publique. Cette dernière garde en mémoire d’autres coalitions, nées dans un passé récent, qui n’ont pas survécu longtemps, tant l’environnement politique était peu favorable, tant les intérêts de leurs membres étaient divergents. 2025 pourrait-il être différent ? Il serait risqué de répondre à cette question, mais les indicateurs semblent donner raison aux pessimistes.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte préélectoral qui s’annonce n’est pas des plus sereins. Et cela est inquiétant pour un Burundi qui vient de tenir un forum des investisseurs, lesquels ont promis des milliards de dollars d’investissements dans le pays. Des promesses et des engagements qui devront être rassurés sur le climat des affaires. Or, pour que ce climat soit réellement favorable, il exige un environnement politique stable. C’est peu dire que l’un ne peut se faire sans l’autre.