A peine l’année 2023 est-elle morte que la CAN 2024 s’est rappelée à nos bons vieux souvenirs. Ceux qui s’attendaient à une compétition morne où les soi-disant grandes nations de football devaient outrageusement dominer les petites, ont été sûrement surpris. Ceux qu’on n’attendait pas ont largement profité de l’effet de surprise pour mater les favoris. Mais jusqu’où ira cet état de grâce pour les outsiders ? Au seuil des quarts de finale, essayons-nous à un petit bilan.
Les inconditionnels du ballon rond le disent avec leur éternel sens de l’humour parfois corrosif : « Umupira uradunda », pour signifier que quand le ballon rebondit, on ne peut pas être sûr à cent pour cent de l’endroit où il va retomber. C’est pour souligner le fait qu’on ne peut pas prédire avec exactitude l’issue d’un match de foot, ce ne sont pas les parieurs invétérés qui vont me contredire.
Mais laissons les accros aux jeux du hasard pour parler du foot. S’il y a une chose qu’il faudra retenir de la CAN 2024 qui a débuté le 13 janvier 2024 en Côte d’Ivoire, c’est sans doute la chute des titans du foot africain. Le Cameroun avec ses Lions indomptables édentés n’ont même pas franchi le cap des huitièmes des finales. C’est le grand Roger Milla qui doit pleurer toutes les larmes de son corps. Dans cette chute vertigineuse des grands favoris de cette CAN, on notera celle de la Tunisie, du Ghana, de l’Algérie et de la grande Egypte de Mohammed Salah, mais la liste n’est pas exhaustive.
La saison des outsiders ?
Les Requins Bleus du Cap-Vert ont créé la sensation en battant les étoiles filantes que sont devenues les Blacks stars du Ghana. Ils ont confirmé ses intentions en marchant sur le Mozambique sur un score sévère de 3 buts à 0, toujours dans la phase des poules. Ils transformeront l’essai en faisant jeu égal avec l’Egypte, ce qui a signé leur qualification pour les quarts de finale. Même les Mambas du Mozambique qui ne sont pas du tout des fous du football ont pu tirer leur épingle du jeu. Ils ont résisté courageusement à la même Egypte (2-2) avant de tomber, les armes à la main, face au Cap-Vert (0-3).
Dans la sous-région, la Tanzanie a pris l’eau, car après avoir subi la loi du Maroc (0-3), éliminé dans la phase des poules après avoir fait jeu égal lors de deux autres matchs. Quant à nos voisins bruyants, je parle des Congolais, ils sont certes qualifiés pour les quarts de finale. C’est vrai qu’ils n’ont pas été particulièrement flamboyants, néanmoins les Léopards ont fait leur job, même s’ils ont tremblé devant la grande Egypte des Pharaon qu’on croyait invincible. Après les prolongations, c’est l’épreuve des tirs au but qui leur a permis de s’envoler vers les quarts de finales. Versons aussi une larme de crocodile pour les Sénégalais, tenants du titre, qui sont tombés face aux Ivoiriens qui avaient pourtant été au bord de l’élimination dans la phase des poules.
Quelques leçons à tirer ?
Déjà, il faut noter qu’aucune équipe du Maghreb n’a franchi le cap des quarts de finale et ça faisait longtemps que cela n’était pas arrivé. Le Maroc qui est le demi-finaliste de la derrière coupe du monde qui a eu lieu au Qatar en 2022, a mordu la poussière et rentre la queue entre les jambes, après avoir courbé l’échine devant les Bafana Bafana de l’Afrique du Sud. Tous les représentants africains au Qatar 2022 ont donc été balayés, aucune équipe n’a atteint les quarts de finale de cette CAN. Un signe que le foot africain se porte mieux ? Aux analystes de répondre.
Mais toujours est-il que les vedettes qui évoluent dans les clubs européens se sont cassé les dents. Mohammed Salah a jeté l’éponge après un pépin physique. Ashraf Hakimi, le Marocain du PSG, a raté un penalty qui aurait pu changer le cours du match. Même la fougue d’Amrabat, l’autre star des Lions de l’Atlas, n’a pas suffi pour renverser la vapeur devant des Sud-Africains qui semblaient avoir bouffé du lion.
Que nous réserve l’avenir ?
Maintenant que les colosses aux pieds d’argile sont rentrés à la maison, les choses sérieuses vont sûrement commencer. En lice, des matchs alléchants comptant pour les quarts de finale. Les Palancas Negras peuvent-ils encore créer l’exploit en écartant l’ogre nigérian de la course ? Les chatoyants Cap-verdiens vont-ils tenir la dragée haute quitte à soumettre les Sud-Africains ? Ou se contenteront-ils de vendre cher leur peau ? Nos voisins, les Mwana mboka seront-ils en terrain conquis devant les Guinéens ? Les Eléphants de la Côte d’Ivoire vont-ils piétiner sans états d’âme les Aigles du Mali ? Au-delà de toutes ces supputations, qui sera couronné le 11 février 2024 ? Beau suspens en perspective ! D’après ce que nous avons vu durant les phases précédentes de cette 34ème édition de la CAN 2024, nous ne sommes pas à l’abri des surprises, et c’est cela la magie du football.
En passant, saluons l’organisation impeccable de cette compétition. L’état des pelouses et des stades montre que les Ivoiriens y ont mis le paquet, même si quelques couacs n’ont pas manqué, en l’occurrence le déplacement des équipes des journalistes. Quant aux erreurs d’arbitrage, qui ont soulevé parfois des tollés, je préfère m’abstenir de commentaires, tout en souhaitant qu’elles ne se reproduisent plus.
Ngomba kuja mumupira