Le 16 octobre de chaque année, le monde célèbre la journée mondiale de l’alimentation. Au Burundi, le thème de cette journée aura été : « Agir pour l’avenir, la faim zéro 2030, c’est possible ». Un souhait finalement noble, mais que faut-il pour le rendre réel ?
Dans leur dernier rapport présenté devant le conseil de l’ONU et qui portait sur l’insécurité alimentaire, la FAO et le PAM notent qu’au Burundi, 1,8 millions de personnes sont considérées comme ayant atteint le niveau de crise alimentaire ou l’ayant dépassé. En cause entre autres, la crise politique et climatique. C’est du moins ce que relève l’ONG CCFD- Terre solidaire, qui souligne que depuis 2015, les capacités de production et le pouvoir d’achat des familles burundaises ont été affectés. Et les prix des denrées alimentaires n’ont cessé d’aller crescendo sur le marché, de quoi amplifier l’insécurité alimentaire. Les changements climatiques et les maladies des plantes y sont aussi pour quelque chose.
Pire encore, la crise alimentaire restant alarmante, les cas de malnutrition n’arrangent pas les choses. Ici, convient-il de le rappeler, 57,0% des enfants souffrent de malnutrition chronique. Autant dire que la situation alimentaire est des plus préoccupantes pour qui veut relever le défi. L’objectif d’avoir zéro famine en 2030 ne peut donc qu’être justifié. Mais à quel prix ?
Révolutionner l’agriculture
S’il est vrai que les conflits et/ou l’insécurité sont des causes des crises alimentaires, se limiter à ces derniers serait réducteur. Même en situation de paix, sans un réel investissement agricole et pastoral, penser à l’éradication de la faim serait un leurre.
Qui plus est, la concrétisation de l’objectif « faim zéro en 2030 » devrait s’accompagner d’une transformation en profondeur des techniques agricoles et d’élevage. Une sorte de révolution agro-pastorale. Une agriculture et un élevage aussi traditionnels que les nôtres ne peuvent en aucun relever le défis. L’introduction de nouveaux outils de production (mécanisation agricole), la fertilisation suffisante du sol, l’introduction de semences appropriées ainsi que l’introduction d’une nouvelle forme d’élevage ne peuvent qu’alors s’imposer. Et s’il le faut, procéder à la réorganisation des terres arables.
Si le « rêve » de « zéro faim » d’ici 12 ans paraît réalisable, sa concrétisation exigera des efforts consistants et ne se limitera pas par des discours lors d’une journée internationale.