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Burundi post-Rwagasore : quand le Burundi bascule dans l’ethnisme

Au-delà de l’instabilité politique et gouvernementale caractéristique du Burundi post-Rwagasore, il faut aussi noter que c’est à cette période que la dimension ethnique commence à miner la société, au point de tourner aux violences.

Les lendemains de la mort de Rwagasore seront caractérisés par un climat malsain de rivalités au sein de l’élite politique de l’époque. Ce sont aussi les événements qui se passent au Rwanda qui ne seront pas sans marquer la nation jumelle qui vient tout juste d’accéder à l’indépendance. En effet, l’exil de milliers de tutsi rwandais au Burundi contribuera à radicaliser le sentiment d’appartenance ethnique et clivera profondément la société. C’est également l’influence de ce qui se passait à l’international qui affectera le climat politique du Burundi. 

Fait inédit dans l’Histoire du Burundi, ce climat fera vite de virer aux massacres aux dimensions ethniques. À titre illustratif, l’assassinat en 1962 à Kamenge de syndicalistes hutu  proches du Parti du peuple, est qualifié de premières violences à caractère ethnique au Burundi.

Certains politiciens attribueront la responsabilité à des militants de la Jeunesse Nationaliste Rwagasore, sous le couvert de l’UPRONA. Il n’est pas évident cependant, écrit Augustin Mariro pour qui, ils seraient tués pour des mobiles liés à leurs activités syndicales. 

Un autre fait vient accentuer la défiance, nous apprend l’Historien Joseph Gahama : en 1964, Mgr Gabriel Gihimbare, aumônier de l’armée nationale, est tué dans la région de Kirundo, au nord du pays. Parce qu’étant Hutu, des soupçons furent dirigés vers les Tutsi. 

1965, l’année « noire »

Mais plus symptomatique, c’est l’année 1965 qui est considérée comme le point de départ des violences de grande ampleur. En effet, le 15 janvier 1965, le Premier ministre Pierre Ngandandumwe est assassiné par Gonzales Muyenzi, un Rwandais travaillant à l’ambassade des Etats-Unis, mais les mobiles de cet assassinat restent inconnus car ce dernier finit par s’évader de prison.  

De même, à l’issue des élections législatives de mai 1965 qui se déroulent dans un climat de tensions ethniques, la majorité des élus sont hutu. Mais le roi se résout à nommer un Ganwa, Léopold Biha à la tête du gouvernement. Un peu comme une stratégie, explique toujours Gahama, de nommer une personnalité qui n’appartenait à aucune formation politique en compétition à l’époque, l’Uprona et le PP.  

De quoi provoquer la radicalisation de certains leaders hutus qui, avec l’aide de quelques officiers de l’armée et de la gendarmerie, organisent un coup d’État le 19 octobre 1965. Une tentative avortée à la suite de laquelle des condamnations suivies d’exécutions ont lieu au stade Prince Louis Rwagasore. La suite, ce sont  des paysans tutsi à Muramvya, à Busangana, au centre du pays qui sont massacrés par leurs voisins hutu. 

À Mariro de conclure que jusque-là, le combat politique avait été centré sur les idées politiques. Mais la tentative de coup d’État d’octobre 1965 a déplacé la concurrence des programmes sur le terrain de la confrontation ethnique. Cette dérive inaugure également la tentative de transférer au sein du monde rural le conflit ethnique jusque-là circonscrit aux centres urbains et parmi les élites scolarisées. 

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