À chaque début d’année, la plupart d’entre nous prennent des décisions concernant leur vie. Et s’il y a une résolution que devraient prendre les protagonistes du conflit burundais pour l’année 2019, ce serait de repenser la médiation à la crise burundaise.
Tous les observateurs s’accordent pour dire que la médiation menée par la Communauté est-africaine depuis 2015 est un échec. Le cinquième round des négociations a été boycotté par le gouvernement burundais et la conférence des chefs d’État de la Communauté est-africaine, qui devait se tenir en décembre, n’a pas eu lieu, en partie parce que les chefs d’Etat de la région ne savent que faire du conflit burundais.
Malheureusement les choses ne sont pas prêtes de s’améliorer. Les relations entre Pierre Nkurunziza et le médiateur en chef du conflit burundais se sont détériorées ces derniers mois. Le régime burundais n’a pas apprécié que le président ougandais lui dise qu’il doit dialoguer avec les «putschistes». Le président ougandais, de son coté, n’a pas aimé que le pouvoir burundais organise une manifestation contre lui. Comme si les malentendus entre ces chefs d’État ne suffisaient pas, c’est maintenant le NRM, le parti de Museveni, qui a sorti un communiqué pour mettre en garde les autorités burundaises de ne plus «provoquer» le président ougandais. Dans ces conditions, Nkurunziza et Museveni ont peut-être eux-même besoin d’un médiateur pour se parler. On ne peut donc plus continuer à demander au président ougandais de jouer les médiateurs dans la crise burundaise.
Les relations entre le Burundi et le Rwanda vont de mal en pis
À cela s’ajoutent les relations entre le Burundi et le Rwanda, qui sont déjà très mauvaises, mais qui devraient se compliquer encore plus. Le rapport des experts de l’ONU sur la RDC a signalé qu’un chargé de recrutement du «P5», un mouvement rebelle basé dans le Sud Kivu et attribué à l’opposant Rwandais Kayumba Nyamwasa, vit à Bujumbura et envoie armes et nourriture au maquis à partir de la capitale burundaise. Le Rwanda n’a pas tardé à mordre sur l’hameçon et d’accuser le gouvernement burundais d’être de mèche avec les rebelles rwandais, ce qui n’est pas de nature à normaliser les relations déjà bien tendues entre les deux pays.
C’est donc clair que, même au-delà de Museveni, c’est l’EAC toute entière qui est minée par des conflits entre ses États-membres, et ne peut plus servir de médiateur crédible du conflit burundais. La solution est donc de trouver un nouveau médiateur, en dehors de l’EAC.
L’Afrique du Sud, une alternative crédible
Dans une tribune publiée dans le Mail and Guardian, Carine Kaneza Nantulya, directrice Afrique chargée du plaidoyer chez Human Rights Watch, écrivait début décembre que l’Afrique du Sud serait mieux placée pour servir de médiateur dans le conflit burundais, vu son rôle dans la négociation de l’accord d’Arusha signé en 2000. Je suis tout à fait d’accord avec cette proposition.
Vu son poids politique, économique et diplomatique sur le continent, l’Afrique du Sud inspire le respect, et son retour dans le dossier burundais lui garantirait une influence qu’elle avait perdue sous le règne du président controversé Jacob Zuma. Contrairement à l’inertie de la Communauté est-africaine, le nouveau président Sud-africain Cyril Ramaphosa serait motivé pour trouver une solution à la crise burundaise, puisque ça lui permettrait d’imposer sa marque sur la scène africaine. L’ONU et l’Union africaine devraient lui proposer ce poste, pour le bien de tous.
Qui nomme un médiateur dans un conflit comme celui entre burundais?