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Burundi : la lente, mais sûre, marche vers l’indépendance

À la fin de la deuxième guerre mondiale, un mouvement de décolonisation voit le jour. Commencé en Asie, le mouvement se répand en Afrique. Et le Burundi ne sera pas en reste. 

Une précision pour commencer. Alors que le Burundi, disons plutôt le Ruanda-Urundi, est sous mandat depuis la fin de la Première Guerre Mondiale, il se retrouve sous la tutelle de la Belgique avec la fin de la deuxième guerre mondiale. La Belgique chargée cette fois-ci d’assurer son développement à tous les niveaux. C’est dans cette perspective que des velléités indépendantistes commencent à se manifester. Des velléités qui se concrétiseront par la création des conseils supérieurs du pays. Nous sommes en 1953.

Des conseils supérieurs pour quel but ?

Bien que de rôle limité, il faut noter que ces conseils étaient créés au niveau des sous-chefferies, des chefferies, des territoires et du pays pour l’éducation des indigènes et les apprendre à participer à la gestion de leurs pays. Le but du conseil ne tardera pas à être concrétisé. Comme par exemple quand il conteste le projet du statut de la ville de Bujumbura. Un projet qui voulait que cette ville comprenne deux communes à savoir la commune Ngagara avec 40.000 indigènes et quelques non-indigènes et la commune Vugizo qui compterait 3000 européens, 160 noirs et 800 asiatiques. Si le conseil n’est pas contre le développement de Bujumbura suivant les techniques modernes, il résistera essentiellement pour deux raisons : le droit politique des Barundi à Bujumbura et le pouvoir du Mwami. Un pouvoir du Mwami voué à disparaître avec ledit projet et dont le conseil veut rétablir en lui permettant le droit de nommer le bourgmestre à la tête de ces communes.

Il faut aussi dire que le statut de la ville ravivera l’épineuse question des centres extra-coutumiers. Et plus tard en 1959, à l’occasion de la visite du groupe de travail de l’ONU,  c’est ce conseil qui sollicitera l’autonomie du Burundi avec à la clé une proposition de réformes à opérer et un projet de constitution.

Du rôle des élites

La prise de conscience ne sera pas l’apanage du seul Conseil supérieur du pays. D’autres voix se feront aussi entendre. Comme celui du « corps » des élites à l’instar de celui dirigé par le prince Louis  Rwagasore. Ce dernier et son  groupe se mettront de bonne heure au travail pour contribuer à éveiller la conscience de tous les Burundais. 

En fait, l’action politique de Rwagasore débute discrètement au sein du cercle Pierre Ryckmans. À l’occasion de l’investiture du président de ce cercle, c’est un Rwagasore qui prononcera un discours en mode programme politique. Un discours qui est l’expression du nationalisme semblable à celui qu’on retrouve ailleurs en Afrique. Un discours avec comme objectif de mettre sur la bonne voie les Barundi, appelés à se libérer un jour.  

Le fils du roi fait donc vibrer la corde sensible du patriotisme burundais. Un patriotisme qui doit toutefois être orienté vers la participation active de tous, chacun en son domaine, à l’émancipation totale du Burundi. 

En 1957, un peu déçu du caractère non éveillé des Burundais, et dans le but de les sensibiliser et de les « éduquer », il se lance dans le mouvement coopératif  avec comme pour objectif la création d’un esprit de communauté et la promotion économique. 

Il faut toutefois souligner que l’idée de coopératives n’était de son apanage. Avant lui, vers 1954-1955,  c’est la tutelle belge qui lance ce mouvement avant d’être récupéré par Rwagasore à son avantage. Ce qui ne sera pas sans ennuis pour lui. Surtout lorsqu’il commence à se servir de ces coopératives pour son combat politique proprement dit. Un combat politique devenu plausible avec la naissance des partis politiques. On y reviendra. 

 

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