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Burundi : au-delà de 18h, gare à la fièvre des grossesses

Pour  sauvegarder les bonnes mœurs, lutter contre  les grossesses en milieu scolaire et les abandons scolaires, l’administrateur de Muyinga a trouvé une solution-miracle: interdire aux jeunes femmes de sortir au-delà de 18h!  Mais comment nous n’y avons pas pensé plus tôt?

Le 11 février, une lumière a fait tilt dans le cerveau de l’administrateur de Muyinga. Lui qui portait depuis bien des années le poids des milliers de grossesses en milieu scolaire recensées chaque année dans ce pays, notamment dans sa province qui est parmi les plus touchées. « Que faire de ces gamins qui abandonnent l’école? », se demandait-il inlassablement. Il n’en dormait plus! 171.652 jeunes ont quitté les bancs de l’école pour l’année scolaire 2017-2018, dont 13.623 pour la seule province de Muyinga et 1421 cas de grossesses en milieu scolaire recensés, selon un rapport des directions provinciales de l’enseignement (DPE) fourni par le FENADEB. On comprend dès lors, et l’on ne peut que partager l’inquiétude de Son Excellence « Musitanteri ».

La pauvreté étant citée comme principale cause de cet état de fait, l’on se demande comment l’interdiction de sortie au-delà de 18h pourra lutter contre ce fléau qu’est la grossesse non désirée chez les élèves? Moi qui pensais que  pour concevoir ce n’était qu’une question d’ovulation et de spermatozoïdes, j’apprends quelque chose. Ainsi donc, 18h serait la clé! Cela ne marche que pour les jeunes filles ou bien je tente ma chance aussi? (Non, Marcel, attend encore 2h. Nous ne sommes que 16h!!)

Prendre le taureau par les cornes

Les mauvaises langues parlent de l’appât monétaire qui pousserait les jeunes filles à se donner facilement aux hommes, ou à leurs professeurs en échange de quelques points, mais est-ce vraiment ça?

Les moins futés, comme moi, pensent qu’on ne peut étudier le ventre vide et espèrent que des cantines scolaires pourraient diminuer les abandons scolaires. Les plus idéalistes rêvent eux de la création de centres de divertissement communaux pour encadrer cette jeunesse en perdition. Certains, mais ceux-là, ils sont fous, suggèrent l’octroi des moyens de contraception dans les écoles et des cours sur la santé sexuelle et reproductive à l’endroit des jeunes.  

Fort heureusement, la solution de Monsieur l’administrateur est plus simple et certainement moins coûteuse. Il suffira d’enfermer les jeunes filles chez elles à partir de 18h, veillez à ce qu’elles ne mettent plus de collants, ni de mini-jupes, et bien évidemment, hors de question de mettre le pied dans les boites de nuit !  Pour le reste, avant 18h, ce sera la liberté totale.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Vous avez oublier d’ajouter qu’il est strictement interdit de réviser les études dans la nature ( Commune Muyinga et Giteranyi ).

  2. je ne suis pas du même avis avec Mme Musitanteri. La grossesse chez les écolières dans notre pays mérite une étude socio-Anthropologique approfondie.
    je pense qu,elle serait liée a d,autres causes, autres que le luxe de ces jeunes filles

  3. Personnellement, je ne suis pas d’accord. Mais aussi je ne vois pas pourquoi je serai contre tant que je ne connais pas les vraies raisons qui l’ont poussé à décider ainsi. Un grand nombre de jeunes à l’intérieur du pays commencent leurs études à un âge avancé et arrivent à l’école secondaire avec déjà un corps qui ressent des désirs qu’ils ont besoin d’expérimenter comme toute personne normale. Mais est-ce que ces jeunes sont bien informés au sujet de leur santé reproductive? Est-ce que le gouvernement connait sa part de responsabilité dans cette affaire? Les parents? Les médias et autres sociétés civiles? Ou alors tout le monde fixe les yeux à ce qui se passe à la présidence et oublie la société en soi? Cela demande beaucoup de courage et de détermination pour prendre une telle décision qui ne peut pas passer sans critiques de tous les côtés. J’admire!!! Le premier pas est toujours difficile c’est peut être la première version de la solution qui est objet des améliorations.