La falsification des documents aidant, des jeunes burundais bénéficient des bourses d’études auprès des ambassades. Parfois au détriment de ceux qui ont présenté des documents authentiques.
En 2010, Radjabu (nom d’emprunt) sort du lycée de Ngagara. Son rêve de tous les jours : continuer ses études en Europe. Il n’y a pas encore de campus France qui aide les candidats burundais à décrocher des inscriptions dans les universités françaises. Il complète lui-même le dossier en ligne. Surprise ! Il réussit à en avoir une à l’université de Lille dans la Faculté de psychologie. Il lance alors des hourras.
Illico, il entreprend les démarches de demande de visa. Le diplôme des Humanités générales suffit pour accéder à l’enseignement supérieur. Même à l’étranger. Les diplômes d’État, ils ne sont exigés qu’aux candidats de l’université du Burundi.
Radjabu présente ses documents. Des vrais ! Il a la note 65%. Une des meilleures qu’on puisse avoir à son lycée, très strict. Il croise les doigts. La suite à sa demande est défavorable. Il n’en revient pas.
Janvier 2011, le malheureux s’inscrit à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’université du Burundi. Des questions le taraudent l’esprit. Pendant plusieurs jours, il se demande pourquoi l’ambassade lui a refusé le visa alors que cette même représentation en a accordé à ses amis dont la note est de loin inférieure à la sienne, en outre, qui sortent des piètres établissements qui soient à Bujumbura.
Radjabu sait qu’ils n’ont même pas fait l’examen d’Etat. Sachant leur niveau, ils ne se sont pas présentés.
Radjabu veut savoir. Des visas, ils en ont eu comme par magie. Il en est convaincu. Mais, comment ? Ils se connaissent. Ils croisent certains à la mosquée. D’autres ont été ses camarades de classe à l’école primaire de Bassin.
Ils se confient facilement à lui. Ils ont présenté des documents avec 80% voire plus sur leurs diplômes frabriqués à Buyenzi. Plus de 10% que Radjabu. Pas le moindre effort de vérification de l’authenticité des éléments du dossier. L’ambassade s’en tient seulement au cachet du notaire. La contrefaçon des documents, elle n’en a pas encore parfum.
Radjabu déchiffre ce qu’il lui paraissait jusque-là incompréhensible et inexplicable. Face à ceux qui ont 15% plus que lui, il ne pouvait pas avoir le visa.
Ses amis embarqueront pour la France. Certains feront les études. Ils s’en sortent aujourd’hui très bien. D’autres, un bon nombre d’ailleurs, en profiteront pour rejoindre les pays nordiques particulièrement la Suède. Ils s’y sont établis depuis. Les études universitaires, c’est lassant. Ils n’en ont pas fait.
Quant à Radjabu, il est licencié en anglais depuis une année. Cependant, il est au chômage. Il est logé, malgré lui, par sa petite sœur mariée à Nyakabiga de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura. Il remâche toujours la fin de non-recevoir que l’ambassade a réservé à sa demande de visa.
P.S : Yaga va contacter les ambassades pour en savoir plus sur les procédures d’attribution de visas aux étudiants et sur le système d’authentification des documents.
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Bsr,
J’aimerais bien avoir la suite de cet article.
Est-ce que les ambassades ont-elles été contacté ?